Dante, Enfer, chant XXI, 1-31

traduction par André Markowicz

retour remue.net

retour page André Markowicz

ce texte a été proposé dans les "interventions hors champ" au jour le jour d'André Markowicz et Françoise Morvan à la Mousson d'été d'août 2000

1.Ainsi, de pont en pont, en évoquant
Des choses dont ma comédie n'a cure,
Nous marchions; nous touchions la cime quand

4.Nous fîmes halte face à la fissure
Neuve de Malebolge aux sombres râles,
Et je la vis étonnamment obscure.

7.Comme à Venise, on voit dans l'arsenal,
L'hiver durant, bouillir la poix tenace
Pour calfater les vaisseaux mis à mal

10.Inaptes à la mer - un tel remplace
Du bois sur son navire, ou ré-étoupe
Les flancs qui parcoururent trop d'espace,

13.Tel charpente la proue et tel la poupe,
Raccommode les rames, les filins,
L'artimon, la misaine qu'il découpe, -

16.Ainsi, non par le feu mais l'art divin,
Bouillait dessous une résine épaisse,
Baignant des bords qu'elle engluait sans fin.

19.Je la voyais, n'y voyant que la presse
Des cloques clapotantes et lancées -
La bulle gonfle, s'enfle et puis s'affaisse.

22.Or, mon regard restait en bas fixé
Quand mon guide, en disant: "Gare, prends garde! "
Me tire à lui d'où je m'étais placé.

25.Je me tournai comme un homme à qui tarde
D'apercevoir ce dont il devra fuir
Et dont, sous la stupeur, l'âme est couarde,

28.Mais qui, voyant, s'empresse de partir.
Je vis derrière nous un diable noir,
Sautant sur le rocher, vers nous courir.

retour haut de page