les colibris savent voler en marche arrière
Ainsi, les images, les sons, les souvenirs, les histoires, surtout les histoires que l’on reçoit ou que l’on forge soi-même, viennent s’ajouter à notre pays intime, comme des plumes nouvelles aux ailes d’un colibri, comme une livrée nouvelle au vieil arbre que la pluie a nourri, et ce feuillage, à mesure qu’il s’installe, fait naître un autre colibri, un arbre différent qui sait tout de l’ancien mais que l’ancien ne peut atteindre. Comme un vent qui caresse la terre avec l’odeur des algues et du sel, et des rêves de corail, et qui installe, de seconde en seconde, et d’une seconde à l’autre, d’imperceptibles différences - en fait : un déplacement ...
Patrick Chamoiseau, Un dimanche au cachot, p. 302, éd. Gallimard, 2007