26 mars / trois lectures de
Laurent Margantin
Je donne à mon tour un choix de livres lus ou en cours de lecture (vivant en Allemagne je passe rarement dans les librairies francaises, alors les livres arrivent par la poste, commandés sur le web ou envoyés par des amis). Quand j´achète des livres, c´est de passage à Strasbourg à la librairie Kleber que j´ai appelée hier et qui m´a réservé un livre de Lorand Gaspar et le dernier numéro de la revue Europe... Je passerai avant Pâques. Poésies didactiques de
Philippe Beck, éditions Théâtre Typographique
2 - Segalen, l´écriture, le nom. Architecture d´un secret, Étienne Germe, Presses Universitaires de Vincennes Je m´intéresse depuis longtemps à l´uvre de Victor Segalen, l´un des rares auteurs du vingtième siècle à avoir combiné aventure introspective et découverte du monde à travers le voyage. Chez lui, pas d´exotisme facile, mais comme le montre Étienne Germe après Henri Bouillier une démarche poétique qui s´empare de connaissances ethnologiques pour s´engager dans une nouvelle exploration de soi. L´étude part du secret d´un nom secret familial, dû à une histoire douloureuse (abandon du père suite à une souillure originelle), et explore le silence au cur de l´uvre, dans la découverte d´autres noms (à travers l´étude des cultures maories et chinoises, cultures hermétiques). Il n´est pas sans risques de se donner pour objet une part de silence. N´y a-t-il pas une certaine présomption à écouter d´une uvre non ce qu´elle nous donne à lire mais bien ce qu´elle nous tait et comment elle le tait ? C´est que la force de ce silence, la force de cette dissimulation organisent le champ de l´écriture et de la réflexion à la manière d´un vaste champ magnétique dont l´existence ne serait perceptible que par son influence. Pas un fragment de l´uvre qui ne s´y rapporte d´une manière ou d´une autre avec l´entêtement de la limaille, tant et si bien qu´on peut se demander dans quelle mesure l´uvre de Victor Segalen ne doit pas se concevoir comme l´architecture d´un secret dont le chur préserverait dans l´obscurité d´une crypte le nom de son auteur des souillures de l´histoire. 3 - The Secret ot the Incas,
de William Sullivan, Three Rivers Press
La particularité de la cosmographie inca tient à son utilisation déléments qui n'existent pas dans notre astronomie on les appelle constellations de nuages noirs . Il sagit, en réalité, de gros nuages de poussière interstellaire dans la Voie lactée. Ils ont lapparence de taches très sombres, avec des formes et des noms particuliers. On les distingue bien parce quon est en altitude. Grâce aux chroniques, nous savons que les prêtres astronomes se rendaient aux mêmes endroits que les lamas de la légende, cest-à-dire aux sommets de plus de quatre mille mètres. À cette altitude, le ciel paraît particulièrement éblouissant, la Voie lactée l'illumine comme un néon enfin, jexagère un peu, mais elle brille énormément. Et ces nuages sont présents, on les voit distinctement. Jai
essayé dimaginer ce que le lama aurait pu regarder, quel
groupe détoiles il aurait pu montrer. Et je me suis dit que
peut-être, ce lama était tourné du côté
du soleil levant, juste avant laube quand les étoiles ont
disparu. Alors, cela signifierait que la constellation du lama se couche
à lEst. Et tout à coup, je me suis souvenu de la signification
littérale du nom . Cela veut dire le soleil
joue dans ces montagnes , on peut penser quil sagit
dune description assez généreuse dun lever héliaque,
la dernière étoile visible avant que laube néteigne
la lumière stellaire. Soudain jai vu cette image du lama,
se couchant à lOuest, et des Pléiades apparaissant
à lEst. Jai consulté une carte du ciel et je
me suis rendu compte que cest précisément le cas
Le lama se couche au moment même où les Pléiades se
lèvent. |