à propos de Françoise Morvan / Le monde comme si Connue pour ses travaux sur Armand
Robin, connue pour ses traductions de Tchékhov à
quatre mains avec son compagnon André
Markowicz, Françoise Morvan est aussi connue, malheureusement,
pour l'injuste traitement à son égard que lui a réservé
l'université de Rennes, au motif que ce qu'elle met à
jour de l'histoire du mouvement nationaliste en produit aussi les
ombres. Le Monde comme si fait remarquablement le point sur
sa démarche et ces questions : un travail qui concerne bien
plus largement que la zone bretonne, puisque c'est de l'identité
et du territoire qu'elle traite, et du rapport à la langue
comme du double rapport aux fractures d'histoire et leurs représentations
dans l'univers intellectuel et politique. sur remue.net, en mars 2002, un large
extrait de Le Monde comme si Des tueurs de langue, par
Bruno Tackels Et précisément tout le projet initial de Françoise Morvan, avant de prendre ce tour politique et combattif, consistait à sauver, modestement, quelques pans de la mémoire populaire bretonne. Il s’agissait pour elle d’éditer les nombreux contes collectés par François-Marie Luzel, un folkloriste du XIXe siècle. Sauvegarder dans et par le livre une oralité perdue à jamais. Ce projet impliquait donc, pour être cohérent avec lui-même, de respecter les manuscrits, avec leurs variations et leurs couleurs "locales" – en dehors de toute orthographe unifiée, unifiante. Et c’est là que Françoise Morvan a commencé à comprendre que le monde comme si n’allait pas se laisser dire en vérité – plurielle, nécessairement. Opposition scientifique et universitaire, complicité active de l’ensemble du réseau culturel bretonnant, lâcheté ambiante, y compris du milieu judiciaire – car très vite, les choses s’enveniment, et les projets de Françoise Morvan lui valent procès, menaces, et attaques dans la presse. Et l’on comprend vite que ce sont les instances régionales de la décentralisation qui ont permis, légitimé et amplifié ces dérives nationalistes. Dans cet essai salutaire, rigoureux et toujours plein d’humour, elle relate l’enchaînement vertigineux que le monde comme si est capable d’engendrer pour garder le compte de ses mensonges et de ses coupables omissions. On en arrive à ce cruel paradoxe : à force de faire taire la langue vive partout où elle vit, ce monde, si violemment comme si, est en train, sciemment, sous une pseudo-agitation médiatique, de la laisser mourir en silence, la langue vive... © Bruno Tackels - Mouvement Le monde
glauque du mouvement breton... par Édouard Le Moigne |