Claude Guerre / Nasbinals | |
homme de théâtre, homme de radio, écrivain,
Claude Guerre assume sans doute dans chacune de ses interventions distinctes
une image des deux autres : un engagement de corps et de voix (qui l'a
vu en mixage, mimant tout de son corps maigre...), une présence
corporelle du texte, un goût de l'expérimentation |
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pour se procurer le livre : les éditions Pierre Mainard Claude Guerre sur remue.net: lettre
à Nathalie Quintane |
1 l'envers pourquoi de cet amour penché - ce violent babil ô claquemuré il ne désire pas vraiment naître - d'autres aussi m'accompagnent chérie où s'enfuit notre ancienne jeunesse j'écris pour eux tous ces autres c'est moi - qui des lois de l'argile ou de l'esprit de la vie ou des mots du théâtre des livres ou des lecteurs appareillés? - ne vaux pas mieux que les autres bandits qui passent la vie comme une route aimées sont les toutes mains chaque jour et s'il se noie au noir des bords de mer le soleil lui, n'a peur de personne ne le fera changer: je changerai moi, j'irai toujours à un autre émoi puis la glace recouvrira mon corps ne serai plus alors c'est vrai, mais ça. 24 je bandais mes poèmes dans la joie de la ville en son tracas général aujourd'hui m'en retourne à Nasbinals mettre bas mes poèmes de peine ô versification outrageante! jeunes gens pensifs comme une eau claire bouquets de foule armée mendigote solitaires enrubannés narquois mes négros turcs bandits de la vraie vie figures étincelées alarmistes femmes hommes, silhouettes et brigands m'en vais, adieu les dames chinoises (Lénine dort sur l'échiquier l'est mort au garçon de Saint Galmier il doit vingt mon grand-père) une envie de revanche ô ma foule ma sœur partageuse ma si silencieuse Belleville ma belle inassouvie cio la gueuse! 47 les nuages au ras du toit des hommes ces lourds vivants pleins d'eau s'époumonant courant sur la terreur des comourants car le temps avance et saufs nous sommes le plus souvent mais jusqu'au Pur dernier ce pauvre jour tout hérissé de peur où va la vie la mort l'accompagne! trois chevaux noirs pomponnés le tambour musique! ma compagne infiniment - le temps bat l'aile ma vie s'envole ô finir dans la joie de n'être plus qu'un tintinabulement framboise - toi l'enfui du temps ici tu poses ta lourde peine et voguent galère les souvenirs roucouleurs évanouis où s'endorment en paquebot milles yeux de fantômes aux os plus blancs que pages elle est veuve la rousse ensoleillée. 49 ma vie de longues aimées illusions d'un temps où la matière faisait sens dans mes rêves éveillés de nuit sans nuit mille alcools ne m'éveillent plus d'elle ma peine épaisse au jus d'oronge pus du volcan Chaos la mer dedans dehors je crie le mal qui me ronge à Clejmani sa tombe ô souvenirs roulent carrosse mes vieilles lunes de basalte, bientôt m'en vais croiser le sens avec des diables amusants en ribote aux enfers en ribote mes amis! je vous quitte auparavant je dois rendre la main que j'ai reçue il n'existe plus guère cet autre à Nasbinals il a jeté ces mille vers de dix pieds chacun unisexes quarante-neuf, mes peines sont sa mort. |