6 - Septembrisades
avec un écho de Jean-Marie Barnaud
Note : À l’origine, les « Septembrisades » désignaient les jours de fureur fanatique des massacres de septembre, durant la Révolution française. Aujourd’hui, après 9/11, le terme s’applique de façon générique à toute action meurtrière d’envergure perpétrée en septembre et, plus généralement, aux crimes les plus abjects que l’on qualifie trop souvent, et à tort, d’inhumains.
Septembrisades...
mais l’inhumain c’est encore l’ici, comme l’utopie. "Toutes les utopies sont déprimantes, parce qu’elles ne laissent pas de place au hasard, à la différence, au divers" (Perec).
Toutes le utopies sont déprimantes parce qu’elles ne laissent pas de place à la parole. Heureux celui que n’obsède pas le bien du monde, qui préfère à l’empire de sa volonté, le souci de l’autre, au cas par cas.
Au partage de "l’inhumain éternel", quand la douleur s’échange, il prononce pour son bourreau le néant de son martyre, laisse s’élever sa "voix façonneuse d’hommes" (Hölderlin), l’"Éveilleuse" (id.), et celui qu’elle atteint est dépossédé de vérité.
La douleur est matière de ce partage, une douleur dite et qui donne poème aussi sûrement que la douleur infligée donne mort. L’utopie, l’inhumain, n’ont rien à transmettre, ne sont que les réponses muettes ...
... je veux dire que la seule réaction possible à la souffrance subie est de l’ordre du mot, la souffrance de la victime dite au bourreau, le souffle qui touche au fil de ressemblance entre la peau et la lame....
Attirer le bourreau du côté de la parole. Parler en cet instant ... parler à rendre le feu jaloux.
La violence emplit la Maison de silence, un poing serré dans les murs de la ville. Elle vient jusqu’à nous, si proche.
Il faut lui parler - oaristys ! - semer le mot tendre au cœur de la violence.
Révéler l’assassinat à son propre désastre, et faire que puissamment ploie ce que l’humanité estime juste et sage, l’humanité en hardes que mène l’Idéal.
... et avoir tort, aussi.
(image : Adriana Arenas - "Sweet Candy I", 1999)