Alain Subilia | To be a carillonneur 6

dans la main d’ombre du général…



 >Champ de gravats témoin s’enroule en boucle autour de la pierre d’angle d’ordre narratif - La figure fille descend dans la maison mère de la mort avant de remonter par la maison nièce liaison de l’échappée


 >Maintenue droite par les racines - Naissance qui tremble às’inscrire - Blancheur amnésie - Le Jeune Garçon écoute les voix chanter dans le noir


 >Feuillage qui frémit - Rideau qui bat - Plancher qui craque - Palimpseste - Qui sait ce qui surgira - Des pierres ont éclaté - Une pierre d’un côté deux pierres de l’autre - La maison se tient àla verticale d’après la chute et du sortir libre


 >La Jeune Fille des mutations nous attend patiemment - Amitié secrète - Elle glisse sur la ligne par où ça fuit dans quelle poche fidèle de sa destinée


 >Un simple mouvement - Déjàattendent ceux qui se tiennent de l’autre côté - N’oubliez pas - La maison n’engendre pas la figure elle l’accueille la figure n’habite pas la maison elle la traverse


 >Inhalant comme fumée apparitions et manifestations la maison émet des signaux de lumière les emportant où se reforme le carré blanc sans aspérités ni profondeur.


 >Je ressors des échafaudages devant lesquels je m’étais arrêté. Sur le fronton je peux lire cette inscription (en lettres carrées) buée de buées tout est buée
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 >Je n’oubliais pas le but de mon enquête… Et bien que l’ombre du général m’avait échappé, je ne parvenais pas àoublier la sensation de son effleurement… L’ombre de son ombre serait dorénavant toujours derrière moi planante comme un sceau ineffaçable l’ombre d’un fantôme m’accompagnant me tenant dans ses mains impalpables elle ne me quitterait plus… Et bien que son ombre n’avait pu s’échapper du monde des limbes, elle me suivait maintenant et vivait àtravers moi. Et moi dans quel monde vivais-je ? L’ombre de cette ombre allait-elle me donner naissance ?


 >Je n’avais plus revu, depuis longtemps, l’exhumateur d’instin, ce jeune homme àl’air rêveur. Qu’était-il lui devenu dans la naissance ? Je savais par ouï-dire que toute une corporation de femmes et d’hommes, inconnus de moi, étaient eux aussi dorénavant àla poursuite d’instin, enquêtant sur ses traces hypothétiques et étudiant de fond en comble les relevés qu’ils faisaient.
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 >Ainsi j’étais au bord de mon texte devant ses échafaudages avec dans la main une feuille de papier chiffonnée ornée du filigrane d’un arbre en extension dont les frondaisons se perdaient àl’infini avec dans les nervures des feuilles de l’arbre peut-être le plan àsuivre.
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 >La silhouette qui me regardait cachée derrière l’arbre sur la terrasse en haut du belvédère descend et se rapproche des échafaudages l’air mi-menaçant mi-accueillant. C’est mon contact. Il m’apostrophe :

— Eh vous ! Que faites-vous par ici ? C’est sacré… Ici on n’entre pas... On a bien reçu ce que vous nous avez transmis l’autre jour... Mais que voulez-vous qu’on fasse avec ça ? Non mais vous vous rendez compte… C’est quoi ces photos vides de toute vie de toute présence (avec toutes ces lignes qui abîment les yeux) ? Où sont les traces du général ?

(La main d’ombre du général posée sur mes lèvres, je reste silencieux. Le contact fait une pause, semble réfléchir àsa question et ne trouvant aucune réponse reprend.)

— Et pourquoi vous épanchez-vous ainsi ? Ce n’est pas normal ! Vous vous retenez et tout àcoup vous vous déversez ! Je ne comprends pas ! Je ne vous comprends pas ! Vous êtes excessif ! Vous n’avez pas de tenue ! (Etc.) Menteur ! Que cherchez-vous àcapturer avec votre appareil photo ? Des apparences ? Des illusions ? Des mensonges ?

(La main d’ombre du général se soulève alors.)

— Mais je vous avais averti que ce serait une illusion… Ce n’est donc plus tout àfait un mensonge…



— Mais ce n’est pas parce que vous nous avez dit en commençant que c’était une illusion... Qu’est-ce que vous avez voulu nous montrer avec votre doigt pointé ? Quelle piste, quelle direction ?

(La main d’ombre du général se soulève encore.)

— Mais ce sont les restes d’un château… Je ne sais pas, je passais par là…

— Qui es-tu pour te cacher derrière tes photos ? Menteur. Menteur ! Marionnettiste, fieffé menteur !

(La main d’ombre du général pousse un soupir d’énergie.)

— Mais moi qui suis-je ? bien qu’il s’agisse pourtant bien de moi, oui je peux vous le dire, je ne suis personne. Je ne suis qu’une ombre invisible. Je flotte, je suis drapeau auvent horizon. Je suis un espion àla recherche de moi-même àla solde de quel commanditaire exhumateur enfui lui aussi fantôme…

(La main n’est pas prête de se reposer, mais le contact n’entend rien et doit terminer sa tirade.)

— Bon, on arrête tout ça, c’est reporté, le général est porté disparu, et de toute façon tu es dans une impasse !

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 >C’est alors que mon téléphone portable sonne…


 >La voix de l’interlocuteur au bout du fil (on dirait une voix enregistrée) :


 >« Attention, attention… C’est ce que vous aurez vu, avant que tout ne se transforme encore une fois sous vos yeux… Au signal… (Un temps.) À la mise sous tension du récit, tous les cercles s’allumeront et suivront un mouvement de rotation comme les roues d’une locomotive, mille disques répétitifs ou la musique des sphères. Ce mouvement s’accélèrera jusqu’àformer un carré blanc de lumière. Une clarté apparaîtra qui montera tout autant qu’elle descendra. Puis le récit redémarrera et repassera par toutes ses lignes dans leur exhaustivité. Alors la transparence s’affichera preuve que le récit sera désormais opérationnel…(Un temps.) Un peu de patience, car la phase d’enroulement prend du temps, mais cette opération devient amusante àla fin quand le récit se déploie…  »

18 mai 2010
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