« Autour de Réza Barahéni » : hommage et Poèmes d’exil

La sixième édition du festival Frictions se déroule à Dijon du 19 au 27 mai 2006. Organisées par le CDN Dijon-Bourgogne dirigé par Robert Cantarella, des créations, des installations et des rencontres se tiendront dans différents lieux de la ville.

Dans ce programme consacré aux voix du théâtre contemporain, on signale « Autour de Réza Barahéni », un hommage rendu au grand écrivain iranien. À la fois joyeusement subversive et d’une lucidité qui ne craint pas d’être cruelle, son œuvre romanesque convoque les grandes figures mythiques et culturelles de l’Orient comme de l’Occident, Lilith autant que Shéhérazade, Nezami et Hedayat autant que Gertrude Stein et Borges. Il y interroge et se joue avec humour et érudition des déplacements imaginaires qui opèrent dans le monde contemporain de façon souterraine, lui donnant souvent cette opacité qui nous désespère. Il est regrettable que la critique française tarde à comprendre l’importance et la place d’une telle œuvre dans la littérature contemporaine. Réza Barahéni est également poète et essayiste.

Reprise de deux textes commandés et mis en scène par Thierry Bedard :
Exilith au Théâtre du Parvis Saint-Jean le jeudi 25 à 19h30 et le samedi 27 mai à 21 heures.
QesKes le vendredi 26 mai à 21 heures, également au Parvis Saint-Jean.

Poèmes d’exil sera créé les jeudi 25 et samedi 27 mai à 22h15 dans la salle de l’Artifice. C’est un spectacle de Bruno Blairet sur des poèmes de Réza Barahéni inédits en français, avec Bruno Blairet, Vincent Macaigne et Gurshad Shaheman.

Une rencontre avec Réza Barahéni aura lieu à la Maison Rhénanie-Palatinat le samedi 27 mai à 12 heures.
DD.


Extrait de Exile Poem of the Gallery de Réza Barahéni

In the Portrait of Apollinaire

one eye of the poet is closed like Odin’s

the double chin is lifted to one side of the face

the countenance is a moon blinded by its revolution Yet this

is not what the Middle East poet sees with both eyes Chagall has put

Over Vitebsk between the three eyes of the two poets The year is

1914, when the 19th century ended

and human flight began in Vitebsk

In Rodin’s Adam, the absence of divine clay hurts the hands

of prehistory It is black and heavy God molding it

in the Age of Iron, with no touch of irony Instead, you see

the organic unity of Rilke’s sonnet to Orpheus A pity

that Orpheus is not there with Rodin Adam

would have been replaced by Eurydice, the woman in ashes

waving her soft hand, disappearing Rilke, the apprentice,

too timid to suggest it to the master, had to

go to the steppes of Pasternak’s Russia and Chagall’s Vitebsk.

« Kiss my lips. She did. » [...]

Dominique Dussidour

20 mai 2006
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