Catherine Pomparat | Mon cartable
(dessin de François Matton - 5/02/2013)
Le matin je vide mon sac : trois grands cahiers de couleur à petits carreaux de la claire fontaine [vert |cahier de lectures ; bleu |cahier d’études ; rose |cahier de catapoèmes] et les livres de la source vive sans carreaux [ce 24 janvier 2013 : un livre qui parle des pluies comme des épouvantes d’oiseaux, un Aujourd’hui où l’oiseau se traite de bourrique, un livre qui resserre l’espace des vols, un livre dont le titre est un prénom de femme qui signifie oiseau, un livre sur les jeux d’un ornithologue qui écoute ce que disent les pages d’un autre livre qui dessine d’amour un chant d’oiseau qui me plaît, qui m’émeut, qui m’instruit].
Mon cartable vidé épilogue sans fin.
C’est une musette de molesquine noire surpiquée de fils roses, autant dire une petite muse, une déesse, une divinité des sous-bois ou plutôt l’enclos, l’habitacle, l’édicule où habitent chaque nuit mes nymphes préférées. Habiter n’est pas se complaire dans le repos et l’oisiveté. Quand les livres que j’aime se retirent la nuit dans mon cartable, ils travaillent l’enveloppe des mots. Ils creusent une galerie souterraine à travers les couvertures, ils établissent des passages qui les relient entre eux.
Ainsi des courbes et des contre-courbes paysagères rencontrent des formes chimériques, ainsi un moineau pendu s’exile à l’intérieur d’une tache noire centrale — il la quittera au lever du jour pour suivre une carte —, ainsi les figures inframinces d’une coupe d’or ciselé découpent les vers d’une Chanson de toile où Clélia nourrit des oiseaux en cage, où Séphora tourne dans les pensées noires d’un roi de Thulé, où un oiseau devient une feuille. Dans l’Encyclopédie des Propriétés des choses les mouvements de Cosmos se font dans le silence.
Faire mon cartable le soir, le défaire le matin et laisser traîner des livres différents chaque jour sur la table est ma façon de lire et d’écrire.
Mon cartable vidé épilogue sans fin.
C’est une musette de molesquine noire surpiquée de fils roses, autant dire une petite muse, une déesse, une divinité des sous-bois ou plutôt l’enclos, l’habitacle, l’édicule où habitent chaque nuit mes nymphes préférées. Habiter n’est pas se complaire dans le repos et l’oisiveté. Quand les livres que j’aime se retirent la nuit dans mon cartable, ils travaillent l’enveloppe des mots. Ils creusent une galerie souterraine à travers les couvertures, ils établissent des passages qui les relient entre eux.
Ainsi des courbes et des contre-courbes paysagères rencontrent des formes chimériques, ainsi un moineau pendu s’exile à l’intérieur d’une tache noire centrale — il la quittera au lever du jour pour suivre une carte —, ainsi les figures inframinces d’une coupe d’or ciselé découpent les vers d’une Chanson de toile où Clélia nourrit des oiseaux en cage, où Séphora tourne dans les pensées noires d’un roi de Thulé, où un oiseau devient une feuille. Dans l’Encyclopédie des Propriétés des choses les mouvements de Cosmos se font dans le silence.
Faire mon cartable le soir, le défaire le matin et laisser traîner des livres différents chaque jour sur la table est ma façon de lire et d’écrire.
5 février 2013