Catherine Pomparat | Un drapeau de choses trouvées

Cette image, je l’ai prise début janvier 2014. Passant devant ce petit parc, j’ai vu ce banc déserté. Puis, après quelques pas, j’ai fait demi-tour, j’ai attendu quelques instants. Et j’ai pris cette image. Un peu inquiet, un peu terrifié. Et plus tard, un peu amusé me rendant compte que l’image (celle vue, celle prise) était une surface de projection. Ce qui avait vacillé en moi était l’idée de la disparition. Parce que j’ai toujours été très ébranlé et inquiété par les chaussures laissées dans la rue, souvent au bord d’un trottoir, par les vêtements étalés dans l’absence des corps sur d’autres trottoirs ou routes des villes. Mais l’on pourrait sans doute envisager d’autres interprétations, d’autres chemins d’imagination...
J’ai donc soumis la photographie autour de moi à différents auteurs avec comme proposition la saisie libre de cette image. Voici donc une variation d’écriture et de lecture.

Sébastien Rongier


Catherine Pomparat | Un drapeau de choses trouvées



La naine du parc glane de plus en plus tard. Elle aligne sur un banc moussu les choses trouvées dans la journée. Ce soir, un paletot bleu de France, un petit sac de plastique blanc et une boîte rouge de chaussures d’enfant, font toute sa collecte. La cérémonie des couleurs, en mémoire du petit fiancé perdu sur le Chemin des Dames, commence. La naine a pardonné la rencontre avec des dames, elle ne pardonnera jamais à ces dames de lui avoir assassiné le seul homme qu’elle aimait. Quand les deux petites personnes s’étaient rencontrées la première fois, sur ce banc, le printemps sentait bon. Aujourd’hui, seules flottent sur les planches vermoulues, les couleurs du 153eme régiment d’infanterie qui a tué l’amour de la naine à l’ennemi.

Catherine Pomparat

On retrouve l’ensemble des contributions ici.

23 avril 2014
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