Né à Londres en 1936, David Mus vit depuis de nombreuses années en Bourgogne. Il a notamment traduit en anglais
Dans la chaleur vacante d’André du Bouchet (
Where Heat Looms, Sun & Moon, 1996) et en français des poèmes de Sarah Plimpton (revue
Po&sie n° 111, 2005) et de Marjorie Welish. Par ailleurs, il est l’auteur d’un ouvrage consacré à l’œuvre de F. Villon,
La poétique de François Villon (1967, 2e édition, Champ Vallon, 1992), d’une étude,
Le Sonneur de cloches (Villon, Shakespeare, Baudelaire, Mallarmé, Reverdy – et nous autres) (Champ Vallon, 1991) et de plusieurs livres de poèmes dont les plus récents sont
Débet (Thierry Bouchard, 2000),
L’histoire du feu (Ragage, 2005) et
Vers les murs cyclopéens (Ragage, 2008).
Pour lui, « demander comment il faut composer un poème équivaut à demander comment tout se tient » [1] – ou se lâche aussi bien, tant il s’agit la plupart du temps d’une question d’angle de vue où les surprises, dans la langue comme en dehors d’elle, ne sauraient faire défaut à qui s’y veut attentif. À son sujet, Mathieu Nuss a précisé que « n’excluant ni l’expression usuelle, ni l’analyse pointue, [il] ne manque pas de vérifier le fond de son travail. Dans l’insignifiance (révélée révélatrice) des moindres détails, une lucidité tournée vers le présent insiste, persiste et signe » [2]. Son écriture offre en effet un mélange subtilement inextricable entre l’évocation d’un référent sensible (couleurs, formes, mouvements, etc.) et le déroulement d’une réflexion qui concerne souvent les rapports entre cette réalité plus ou moins rugueuse et la parole qui s’y trouve confrontée. En outre, il pratique un vers qui ne relève ni de l’informe (l’à-la-ligne issu de la grammaire fonctionnelle) ni d’un simple mimétisme mais qui au contraire, selon la fameuse expression de Mallarmé, « de plusieurs vocables refait un mot total » [3] – comme peut en témoigner le poème inédit présenté ci-dessous.
Bruno Fern.
Sur le coteau d’à côté
… Aussi dis-je pour nuage le
courant la
rengaine peut en cacher un
autre dès
toujours mur terrien érigé comme
moi comme
mur à côté raide coteau soudain
mur noir
avec la nuit tombée là pile
où j’ai été
marcher jusqu’au soir ce mur
surgi et
c’est bien pour moi mur marche
nuit tombés
du haut visage à ma vue l’en-
vers nocturne
blanchit est-ce là accès
de rage ou
moi survenu d’un mur feuillu
l’effroi va
donc savoir son propos non
proféré je
présume sujet moi-même aux
méprises bon
gré mal gré requis du mur
au débotté
je cale quitte derechef
rentre ébahi.
David Mus
17 mars 2010