Écouter Pierre Guyotat
Pierre Guyotat avec Jacques Henric
À voix nue : « Grands entretiens d’hier et d’aujourd’hui »
Réalisation : Jacques Taroni
Du lundi 30 mai au vendredi 3 juin 2005 : de 17 h à 17h30
Pierre Guyotat est un des écrivains majeurs de
notre temps. Très tôt, son œuvre, qui dès
Tombeau pour cinq cent mille soldats fit
scandale, fut reconnue et louée par les plus
grands auteurs et les plus importants penseurs de
son époque : Jean Genet, Michel Leiris, Claude
Simon, Michel Foucault, Roland Barthes, Jacques
Derrida... (lesquels se mobilisèrent lorsque
cette œuvre fut menacée et touchée par la
censure). Sans doute, au milieu des années 60,
une société était-elle encore peu préparée à
accepter une œuvre qui a toujours mis en rapport
la manière dont un corps, un imaginaire et un
mental ont été, et sont toujours, en osmose, mais
aussi parfois en âpre conflit avec l’Histoire
humaine, avec ses grandeurs et ses tragédies.
Aujourd’hui, la parution d’une monumentale
biographie de Pierre Guyotat, due à Catherine
Brun (éditions Léo Scheer), des Carnets de Bord
tenus par Guyotat de 1962 à 1969
(Lignes-Manifeste), et la réédition en un volume,
aux éditions du Seuil (collection Fiction & Cie)
des deux premiers romans de Pierre Guyotat, Sur
un cheval et Ashby, sont le signe que les
choses ont changé.
Si, après Éden, Éden, Éden,
Prostitution, Le Livre, les derniers
ouvrages, Progénitures (Gallimard),
Explications (éditions Léo Scheer),
poursuivent, approfondissent, dans leur contenu
et dans leur langue, la logique d’une vie et
d’une œuvre, celle-ci trouve aujourd’hui,
notamment dans les jeunes générations, un large
écho.
Les entretiens de Pierre Guyotat avec
Jacques Henric, diffusés dans l’émission A voix
nue donnent à entendre la voix d’un homme, d’un
écrivain, d’un artiste, dont les livres en cours
continuent d’ « agir », selon ses propres mots,
le « risque » et la « rébellion » qui sont à la
source d’ « une œuvre inhumaine, contre-nature,
dans l’esprit et dans la langue », mais qui,
paradoxalement, parle de plus en plus - les
traductions des livres qui se multiplient, le
prouvent - à l’ensemble de la communauté des
hommes.
Sur un cheval, de Pierre Guyotat
Culture Plus, par Arnaud Laporte
FICTION : Perspectives contemporaines
Réalisation : Marie-France Thivot et Thierry Guffroy
Le mardi 31 mai 2005 à 20h30
Avant de s’engager dans une œuvre qui invente son propre univers et lui trouve un souffle propre à travers une sorte d’infra-langue, Pierre Guyotat avait publié deux textes aux Editions du Seuil. Le premier Sur un cheval, paru dans le n°10 de la revue Écrire en 1961, croise six voix autour du personnage de Roger, de son enfance, de son adolescence, de sa découverte des sentiments et de la sexualité. On y trouve certains noms et certains personnages du roman paru en 1964, Ashby.
Si Sur un cheval se passe pour l’essentiel à Paris, Ashby se situe au sud de l’Ecosse, dans le château du même nom. Angus (devenu plus tard Lord Asby) et Drusilla ont entretenu dès l’enfance une relation forte et diabolique. Mariés, ils forment un couple libertin où Drusilla se joue des désirs qu’elle éveille chez les uns et les autres sous le regard mi-complice mi-douloureux d’Angus. Jusqu’au jour où le jeu se renverse : le jeune domestique Edward dont elle tombe éperdument amoureuse est une figure angélique qui va l’envoyer à la mort.
Ashby n’a pas pris une ride. C’est un roman habité par une étrange fraîcheur, et par une étonnante liberté dans la façon de conduire le récit. On y trouve déjà un univers très singulier, celui de Pierre Guyotat, mais dans une parfaite lisibilité qui produit comme une sorte d’enchantement.
Lire « L’œuvre au vrai, selon Pierre Guyotat et Catherine Brun » dans le dossier Pierre Guyotat sur remue.net.