Emmanuelle Guattari | La pigeonne

La pigeonne

Un bruit de froissement sec, comme un éventail ouvert et fermé avec humeur par une courtisane importunée, là-haut dans les ramures vertes au dessus du trottoir. Mais la répétition obstinée du claquement des ailes bientôt résonne pathétiquement, ne ressemble plus à une rebuffade impérieuse.

On ne voit rien dans l’arbre qui s’ébroue, on ne peut observer que le sautillement silencieux d’un corbeau qui fait des approches étudiées, sautant d’un appui à l’autre vers un amas de brindilles enchevêtrées, un nid, appuyé près du tronc sur la naissance de deux branches.

Résistance sonore et inarticulée, sans cris, d’une pigeonne que le freux harcèle et qui ne veut lâcher sa couvade. Désespérément elle fouette l’air au-dessus d’elle, souffletant les approches carnassières de l’importun, busquant sa nuque et son dos, gravide dans son nid. Offrant son corps scellé en couvercle sur son précieux projet chauffé.

 

L’autre sang

La secte de l’autre sang qui coule dans tes veines, qui décuple tes
ardeurs et délie ta langue sous les brumes de ton esprit.

Un royaume que je ne peux peupler, exsangue ; distraite par la clarté du
jour, j’ai manqué l’appel et tardé, trop tardé.

 

3 novembre 2016
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