Fabienne Swiatly | Mère éléphante 13 - seins

Dans la bibliothèque de la Maison beaucoup de livres, un certain nombre sont dédicacés. J’y fais de belles rencontres même si les dédicaces dédiées àJulien Gracq me mettent parfois mal àl’aise. Lire quelque chose qui ne m’était pas destinée. Indiscrétion.

Le livre de Bernard Noë l, Journal du regard a forcément attiré le mien de regard.
Je lis.
Je note.
Je ne suis pas toujours d’accord, parfois je ne comprends pas. J’entre en conversation avec le livre. Pas avec l’auteur puisqu’il a quitté le livre en le publiant.

" La photographie est le tombeau d’un clin d’œil ; la peinture est la maison des yeux."

" L’œil, qui ne lui fait confiance ? Nous avons foi dans ce que nous voyons. Le regard nous sert de critère de réalité. Mais ce que nous voyons, le regardons-nous encore ? "

Je pense àmes yeux qui ne peuvent plus se passer de lunettes. Je pense aux ateliers où j’envoie les élèves regarder des environnements familiers et qu’ils reviennent étonnés de ce qu’ils ont vu. Je pense àce jeu qui consiste àregarder un paysage àplusieurs et àle redessiner ensuite ou àle décrire par des mots, et constater que nous ne voyons pas la même chose. Lorsque j’avais une dizaine d’années, je me demandais jusqu’àressentir un profond vertige : puisque les couleurs disparaissent dans le noir, cela veut-il dire qu’elles n’existent plus ?

Mère éléphante se frotte àmes images. Je n’en ai plus peur.

18 mai 2015
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