Fred Griot | vivants visibles
au bar de nuit
derrière la vitre et la pluie
face aux voitures
comme on peut être face à la mer.
allez encore un
l’alcool monte
doucement
à un certain moment
tu vois la pinte descendre sérieux
et l’ivresse monter dans la même proportion
pure mécanique des fluides
les vases communiquent.
et c’est là alors que
souvent
tu commences un peu à voir
autrement.
les gens qui passent dans la rue
deviennent un peu plus parlants
criants
deviennent un peu plus
en un coup d’œil
d’un millième de seconde
ce qu’ils sont.
tu te fais une image directe
un flash pur clac
presque un avis
de la tête au pied
tu les vois soudain
comme un coup de scann
au travers d’eux
au travers
de ce qu’ils veulent bien
donner.
et comme tu commences à être un peu bourré
tu y crois
t’es sûr de ta vision là
qui les chope direct
hop en un éclair
un clin d’œil
pour ce qu’ils sont.
et puis paf voilà
le moment de vision
passe hyper vite trop vite
et toi tu restes un peu séché là
claqué scotché
la vision c’est toujours du rapide
la vitesse la précision du regard
pourtant pendant
quelques instants quelques moments là
où ils étaient ici
vivants visibles
si vivants
lisibles de la tête aux pieds
en un clin d’œil
qui est peut-être comme de l’amour
ouais.
•••
extrait de « enfin tu regardes l’herbe » :
– livre en cours : le site
– disque et concert : le site