Jacques Josse | Marco Pantani a débranché la prise
Aimez-vous le cyclisme ? Connaissez-vous Marco Pantani ?
Non !
Alors ce roman est pour vous. N’appartient-il pas à la littérature de nous faire découvrir ce dont nous n’avions jamais entendu parler, de nous faire aimer ce à quoi nous ne nous intéressions pas ?
Marco Pantani a débranché la prise de Jacques Josse nous fait découvrir, aimer à la fois le cyclisme et Marco Pantani. D’une écriture dense, nette, sobre, c’est un texte qui va toujours de l’avant, sans une phrase inutile ni un mot de trop tout au long de ses 98 courts chapitres. Il vous emporte, sans que vous y preniez garde, du Giro au Tour de France, de 1994 à 2004. Installé d’emblée aux côtés du jeune coureur cycliste, qui est ce qu’on appelle un grimpeur, vous restez près de lui jusqu’à sa disparition à l’âge de trente-quatre ans. Ce destin brisé, sans doute par le système sportif mis en place sans qu’il s’en aperçoive et qui se révèle au-dessus de ses forces de résistance — lui à qui n’a résisté aucun col des hautes montagnes — est le récit d’une incursion dans le domaine du corps sensible à l’endurance physique et à la dure beauté des paysages.
DD
Le surlendemain, il y a au programme l’escalade des cols de Tamie, de La Forclaz, de La Croix de Fry, de La Colombière et de Joux-Plane. Le menu, très copieux, est à son goût. Il doit rester patient. Ne pas jouer les matadors. Et pas plus les présomptueux. Il se cale dans les roues de ses équipiers. Puis se teste dans La Colombière en remontant aux avant-postes. Et c’est à mi-pente, dans Joux-Plane, qu’il jaillit de l’arrière en plaçant une accélération sèche. Les mains en bas de son guidon rouge, il disparaît loin devant. Frôle tour à tour la paroi rocheuse et le ravin qui tombe en contrebas. Le pourcentage moyen avoisine les 9 %. La sueur roule sur son visage tendu et impassible. Il s’offre une trouée à travers la foule et franchit le sommet avec une minute d’avance. Puis il entreprend une descente acrobatique. Il tient sa trajectoire, se penche harmonieusement à droite ou à gauche à l’entrée de chaque courbe. Il parcourt les douze kilomètres qui le séparent de Morzine en grignotant une poignée de secondes supplémentaires. Il descend aussi bien qu’il grimpe et lève à nouveau les bras, sans exubérance, ce n’est pas son genre, mais poings fermés et regard lumineux. Il remporte sa deuxième étape. Et s’empare de la troisième place au classement général.
Marco Pantani a débranché la prise de Jacques Josse vient de paraître aux éditions La Contre Allée, collection La Sentinelle.
Le site de Jacques Josse.
Un entretien de Jacques Josse avec Mathieu Brosseau.
Jacques Josse sur remue.