Je travaille. À quoi ? Mais... à tout
QUAND EST-CE QUE TRAVAILLER FATIGUE ? (L’AUTRE VISAGE DU POETE)
Poète n’est pas un métier dont on vit. Travailler fatigue. Poète est le non métier de ceux qui n’en ont pas dans le monde de ceux qui travaillent. Cette contradiction que Pavese signalait, cette situation entre la fourmi et la cigale, qui chante de moins en moins insouciante, est le point de départ de mon projet d’écriture : poésie-récit à propos du monde du travail à la fin du capitalisme, à la fin des acquis sociaux du libéralisme économique. Le bénéfice de l’inutile dans une société où la valeur de certaines marchandises est précisément incertaine et donc presque injustifiée. Le travail et la poésie nous amènent à de vieux sous-thèmes, toujours nouveaux en les parcourant :
— 1. Est-ce qu’écrire est un travail ? Il faut que l’inspiration te trouve quand tu es en train de travailler, disait à peu près Picasso.
— 2. Si écrire ne donne pas à manger, qu’est-ce que fait le poète non fonctionnaire ?
— 3. Si le métier de vivre devient égal au métier de chercheur de travail, pour un poète ce métier peut aboutir à un livre. Le bénéfice de la perte. Le capital symbolique du fauché. Texte transgenre, poème narratif, récit intercepté par la condensation polysémique de la poésie, poésie anthropologique. Chasser des baleines ou travailler dans la banque ou devenir facteur ou écrire un roman à succès à propos de l’échec sur le plan « alimentaire ».
Dans notre premier atelier à Ivry, il s’agit de créer un réseau de mots, plus « Livre de voix » (Voicebook) que de visages, en faisant prendre la parole et la plume autour du sujet du travail.
À partir de la lecture et du commentaire de fragments de poèmes, d’essais et de récits (où l’ordinaire et la surprise s’emmêlent), les habitants du quartier se racontent et sont invités à raconter l’aventure d’être arrivés là, quelque part, à la recherche d’un travail. Quelle mémoire d’ici pour les Français habitants de longue date et pour ceux venus d’ailleurs, quelle cohabitation fragile, utopique ; leurs vies au jour le jour, la perception du lieu, la rencontre ou non de l’Autre ? Comment chacun habite chacune de ses langues, et quelle est celle dans laquelle il rêve.
En provocant ces rencontres, l’écrivaine, intriguée par sa propre migration et toutes les autres, soutient, invite au risque de se montrer autrement que sur les écrans, se montrer à soi-même en se racontant, en s’inventant, parfois en se découvrant à travers les autres, de la même façon que l’on se cache : le privilège de pointer une petite trace de la micro-histoire sans la laisser exclusivement à la histoire générale et partielle, récit où les protagonistes anonymes sont ignorés doublement. L’atelier allie cette mémoire et fantaisie individuelles au travail collectif qui rajoute et modifie, enrichissant le récit, le poème, la chronique, les mémoires en fonction de leur « vie » dans les mots et le rythme, plus qu’en fonction d’une seule vérité impossible.
Cette démarche nécessite d’un processus, de la création d’une complicité et d’une confiance, en plus du temps pour se manifester.
Ce premier Atelier dans le cadre de la résidence se développe sur deux axes :
— 1. Est-ce qu’écrire est un travail ? Il faut que l’inspiration te trouve quand tu es en train de travailler, disait à peu près Picasso.
— 2. Si écrire ne donne pas à manger, qu’est-ce que fait le poète non fonctionnaire ?
— 3. Si le métier de vivre devient égal au métier de chercheur de travail, pour un poète ce métier peut aboutir à un livre. Le bénéfice de la perte. Le capital symbolique du fauché. Texte transgenre, poème narratif, récit intercepté par la condensation polysémique de la poésie, poésie anthropologique. Chasser des baleines ou travailler dans la banque ou devenir facteur ou écrire un roman à succès à propos de l’échec sur le plan « alimentaire ».
Dans notre premier atelier à Ivry, il s’agit de créer un réseau de mots, plus « Livre de voix » (Voicebook) que de visages, en faisant prendre la parole et la plume autour du sujet du travail.
À partir de la lecture et du commentaire de fragments de poèmes, d’essais et de récits (où l’ordinaire et la surprise s’emmêlent), les habitants du quartier se racontent et sont invités à raconter l’aventure d’être arrivés là, quelque part, à la recherche d’un travail. Quelle mémoire d’ici pour les Français habitants de longue date et pour ceux venus d’ailleurs, quelle cohabitation fragile, utopique ; leurs vies au jour le jour, la perception du lieu, la rencontre ou non de l’Autre ? Comment chacun habite chacune de ses langues, et quelle est celle dans laquelle il rêve.
En provocant ces rencontres, l’écrivaine, intriguée par sa propre migration et toutes les autres, soutient, invite au risque de se montrer autrement que sur les écrans, se montrer à soi-même en se racontant, en s’inventant, parfois en se découvrant à travers les autres, de la même façon que l’on se cache : le privilège de pointer une petite trace de la micro-histoire sans la laisser exclusivement à la histoire générale et partielle, récit où les protagonistes anonymes sont ignorés doublement. L’atelier allie cette mémoire et fantaisie individuelles au travail collectif qui rajoute et modifie, enrichissant le récit, le poème, la chronique, les mémoires en fonction de leur « vie » dans les mots et le rythme, plus qu’en fonction d’une seule vérité impossible.
Cette démarche nécessite d’un processus, de la création d’une complicité et d’une confiance, en plus du temps pour se manifester.
Ce premier Atelier dans le cadre de la résidence se développe sur deux axes :
Déplacements : Le voyage, la migration pour le travail, le parcours de chacun, le changement de vie, de ville pour en trouver. Une question surplombe les séances : Comment je suis arrivé (jusqu’) ici ?
Le poète et son travail : Lecture et débat autour de textes sur le « métier » de poète
Nous lisons des poèmes, des fragments d’essais autour du travail en général et sur le « métier » du poète. Nous appelons ces amis inconnus, parce que « l’activité est la faculté de recevoir » (Novalis).
Je travaille
Amis, je me remets à travailler ; j’ai pris
Du papier sur ma table, une plume, et j’écris ;
J’écris des vers, j’écris de la prose ; je songe.
Je fais ce que je puis pour m’ôter du mensonge,
Du mal, de l’égoïsme et de l’erreur ; j’entends
Bruire en moi le gouffre obscur des mots flottants ;
Je travaille.
Je travaille. A quoi ? Mais... à tout
V. Hugo
4 avril 2016