Laurent Colomb | Autochtones
Texte lu pendant la Nuit remue 7.
Laurent Colomb sur remue.
Jo soui coumanenfan. Coumcheparlpa le français bian jamais jo sor tout seul. Y a mon mari touchour y a mon mari ou y a ma fille qui parle moa. Jo soui bian bian tout seul enfermé la voilà coumanenfan. Coumcheparlpa bian toucheur l’medsin y domand ma fille quoi quesque ché malat. Coumssa josoui coumazandicapi qui parle. Touchour chicoute jamais jo parle. C’est ma fille quoiqui parle por moa. Si dour, si dour de pas parle bian coumssa. Ma parole lé pas soulide lé cassé coumazandicapi. Touchour tout seul à la mizon, jamais dior. Dior y a troudmond pour moa ou y a les parole di gens comprend pas. Ma parole lé pas soulide la voila vriment li trop cassé. Alour si dour sortir tout seul. Y a mon mari touchour qui parle moa jicoute la voilà. Jicoute y domand rian coumanenfan. Piti y tout seul enfermé la voila coummalat. Jo soui pas malat quoi quesque c’est ma parole lé cassé pas moa !? Alour jicoute touchour. Si dour pour quesque jo soui pas parle bian bian. La voila enfermé coumazandicapi.
Vriment la parole si la main y li pieds por moa. Coum y lé pas soulide bian bian jamais jo parle. Touchour jo marche avec li pieds do ma fille y ji prend avec la doigts do mon mari.
Mon assent l’est tranzer
Mon assent le l’est tranzer. Quoi qu’ch dis toussour mon assent y dis l’coutraire de moi. L’est tranzer c’est soûr. Mon assent l’est pas le fronçais, c’est soûr, l’est toussour tranzer de moi. Loin « terre-de-moi ». Pas le « moi-terre », le loin. Mais quoi quoi c’est que ch’dis moi, c’est pas mon assent qui le dit. C’est le « moi-terre ». Mon assent y dit le tranzer de toi et moi, le « loin-terre » de toi et moi.
Le « lui-mot » c’est toussour le « loin-terre ». C’est zamais le « moi-mot » ou le « toi-terre », le « moi-toi-terre », le « toi-mot », c’est le tranzer de toi et moi, c’est le « lui ». Lui le mon assent l’est pas vraiment moi c’est soûr. C’est le tranzer de le fronçais coum toi et le tranzer de moi. Si pourquoi quoi qu’ch dis toussour y dis l’coutraire de le vrai. Le vrai de toi et moi c’est le mot, c’est soûr, c’est pas le mon assent qui le dit.
Mais coum le lui mot c’est toussour le « loin-terre », ze reste tranzer pour toi.
To lé maton
To lé maton jo mo lève. Jo prépare lo couisine. Jo l’habille lézenfants por mon mari l’amène l’école. Jo fais la verselle. Quelque fois m’énerve parce que le ménage comme ça mon vie to l’temps. Jo pense : jo veux promène mais lo couisine de moi qui va faire ? Lo repasse de vêtements ? Lo ménage ? La pssouière ? Quelque fois m’énerve comme ça mon vie to l’temps la tête de moi elle ress’ bloquée. To lé soirs jo prépare la maison por mon mari mézenfants la rentre. Jo prépare la chalade à la vernegrette por mon mari il aime et les frites por lézenfants il aime assi. Mais quelquefois m’énerve parce que pas promène moi. Jo veux fait la course assi et travailler por mon mari c’est prépare la couisine chacun ceinture c’est normal ?! Mais mon mari il dit que c’est pas travaille moi alors ress’ bloquée la maison. Jo pense ma tête : jo veux pas la mari il dit ça to lé jours por jo prépare la vernegrette ou les frites la rentre. Jo veux prépare la chemin de ma venir tout sol. Un maton jo veux promène por moi ma tête elle dégage la couisine. Alors l’ézenfants s’habillent tout sol et la mari l’obligé ceinture va fait la verselle.
La chemin de ma venir
Île est la longue la chemin de ma venir. Île est la longue porc je vœux grand’air la faire parler de moi personne. Île est la longue la chemin de vie parsemé de bûches. Combien de thon encore je la fée parler sans quoi ? Disons que j’essaye quoi dois-je-dire porc la faire sortir de moi parler comme ça. Disons que j’essaye. Ça fée longtemps disons non ?!
Joue pot parler sans quoi tu les comprends des chôsautres. Coûtes-moi un poux parler ta langue. Joue transforme tousskeutécoutes en môzautres. Comment tu le vœux comprendre Vian (1920-1959) moi ?! Et comment tunnel-le-veut pas me rejète ?!? Tu crois que je vous casser ta personne avec ma bouche ?!
Île est la longue la chemin de notre venir. Île est la longue porc l’affaire toi comprendre à poux que joue vœux parler Vian. Dix fois Joussé (341 hab.) parle trou vite. Ma joue peux pas freiner le vœux de dire pour la faire grand’air moi personne. Coûtes-moi saoûlement un poux et sourd tout stop moi. Stop moi quand ta penses à môzautres.
Je connais pas lire
Je connais pas lire je connais écrire mais je connais pas lire je connais pas écrire pour lire c’est très difficile le problème c’est ça je connais le problème mais je connais pas lire le problème. Je connais écrire mon nom mais je connais pas lire les noms ni écrire les lui eux. Ma fille elle connaît l’habitude de moi c’est ça alors elle écrite le papier et la lettre pour mon chef il a dit tu parles trop vite je peux pas compris alors toi écrire c’est mieux. Alors ma fille écrite pour mon chef il a dit enfin tu me débrouille bien c’est pas la peine de parler main’nant la contente lui pour ma fille elle écrite quoi qu’est ce que j’veux. Le silence de la parole c’est l’habitude de moi main’nant c’est compris chef la contente quand je me tus au travail.
Madame la mairette âœ
Madame la mairette. Merci de bien vouloir de me couterin po. Jo souille gentille de dire à toi que le ville il a bien comme ça c’est bon. Chère madame la rette les voitures y passe bien tranquilles et les feux de rouge ils s’allume quand jo traverse. Ça c’est bon bien sûr et la lumière des lampes de roue aussi. On dirait que tout il est bon dans le ville à toi et même le trotte pour les zabitants il est sécour avec le poubel pour les jeter dedans le plastique mais Madame la mairette jo voudré bien gentille te dirin pò que les zactivités de le ville il y en a que pour le français : il est bien content de le jouer au ridge de le faire la macramé de le rinvité au spétacle des fois la rigole et même de le partir en vacances dans tes chalets le ski, ma y en a pas pour les zautres qui le savent pas dire bien. Les zautrizon besoin de les prendre toutes ces choses comme le ridge. C’est difficile non ? La macramé, lo scrabbe, la mini-goff. Les zautres comme moi y savent pas lire la rigole bien jouer… Alors moi jo voudrais que tu me donne des cours de France chère madame la rette pour les jouer avec le français au crabe comme ça par exemple. Jo mettrai du parfum quartier bien sûr et m’habille bien pour phare la dame bien content. Et surtout pour phare des amies car sans la prendire bien la France on restousol dans le ville à toi. Merci de bien vouloir de me couterin pò. Jo souille gentille de te brasse fort et spère de toi la prochaine.