Lecture au long cours : L’Esthétique de la résistance, roman de Peter Weiss, par Laurent Grisel

Le 7 mai 2013 à 19 heures, début d’une lecture au long cours, l’intégrale de L’Esthétique de la résistance de Peter Weiss, par Laurent Grisel. Chaque lecture sera introduite par une brève présentation.
Ces lectures auront lieu à 19 heures le deuxième mardi de chaque mois (sauf août) dans la librairie-pâtisserie de Philippe Baron au 41 de la rue Gabriel-Cortel, la rue piétonne de Joigny.
Réservation auprès de C3V maison citoyenne qui organise ces lectures :
— soit en envoyant un message sur cette page
— soit en téléphonant au 03 86 91 51 99.

Suivre le journal de cette lecture intégrale, avec notices sur les personnages, les lieux et les événements historiques.

Présentation de la lecture du 7 mai.

Dossier Peter Weiss sur remue.

L’Esthétique de la résistance de Peter Weiss a été traduit de l’allemand par Eliane Kaufholz-Messmer, trois tomes aux éditions Klincksieck (1989, 1992, 1993).


 

L’Esthétique de la résistance compose une autobiographie collective des avant-gardes politiques et artistiques, de 1937 à la fin de la guerre. Un groupe de jeunes ouvriers, dans ces années les plus dures de l’histoire européenne, découvre des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art : les sculptures du temple de Pergame reconstitué dans le musée de Berlin, Le Château de Kafka, Guernica de Picasso, Le Radeau de la Méduse de Géricault. La période des années de guerre couverte par ce roman est élargie, de fait, à celle de notre civilisation et nous invite à la repenser tout entière.

Les trois personnages principaux, dont le narrateur qui est à la fois acteur et témoin, nous font revivre la lutte contre le nazisme, la guerre d’Espagne, la fuite et le refuge en Suède, la guerre qui s’y livre entre polices secrètes et agents du Komintern, les débats entre socialistes et communistes, entre avant-gardes artistiques et avant-gardes politiques...

Présent historique, débats politiques et esthétiques, sans cesse mêlés, se renvoient l’un à l’autre. Toutes les contradictions sont avivées, affrontées sans faux-fuyant, suivies dans leurs ultimes développements.

L’écrivain Peter Weiss fut également peintre, dramaturge et cinéaste et, du début à la fin de ce texte, on éprouve la puissance évocatrice de ces trois pratiques artistiques. Chaque scène a une très forte présence visuelle, on sent chaque nuance de la lumière filtrée par les rideaux, de l’éclairage impitoyable des extérieurs d’une ville sous domination brune, comme l’immensité de la grange qui abrite les volontaires de la guerre civile espagnole. Les prises de parole sont mises en scène de façon nette, tranchante, débarrassées de toute fioriture : les personnages existent d’emblée, et seulement par leur parole. À la façon d’une caméra posée sur l’épaule on suit leurs regards et on les regarde, on voit ce qu’ils voient, la position donnée aux lecteurs étant à la fois critique et introspective.

1er mai 2013
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