« Mon corps m’appartient  ». A propos du numéro de printemps 2014 de la revue Vacarme .


On ne parle pas assez de la revue Vacarme, revue passionnante, ouverte, militante, creusant des approches, renouvelant les points de vue. La revue en changeant de format (il y a déjàlongtemps) a poursuivi son exploration du champ intellectuel, artistique, politique et social.


Le numéro 67 de ce printemps 2014 revient sur les états du corps pour traverser notre situation au sujet du corps, àcommencer par le corps de la femme face aux grandes régressions contemporaines : « Mon corps m’appartient  » n’est plus une vieille lune comme le pensent àbon compte certains et certaines mais un combat ininterrompu : l’article d’ouverture revient sur l’histoire et l’état de l’IVG en France et ailleurs tandis que l’entretien avec Joë lle Brunerie-Kauffmann traverse un parcours de la gynécologie contemporaine et des engagements d’une femme et d’une médecin qui, quand on lui demande si le slogan « mon corps m’appartient a encore un sens, répond : « Bien sà»r ! C’est un slogan pour les femmes, mais aussi pour apprendre aux enfants qu’on ne touche pas àleur corps sans leur consentement. Ce qui importe, et ce contre quoi il faut encore lutter, c’est le fait que l’avortement reste vécu comme quelque chose de mal, et comme un échec.  » (p. 71)

L’inscription du corps dans la société et dans la polis passe par une nouvelle contribution autour de la prostitution avec Morgane Merteuil mais aussi des corps en marche ceux de la « Marche pour l’égalité et contre le racisme  » de 1983, le regard et l’éclairage de Mogniss H. Abdallah offrant de nouvelles perspectives d’analyses et surtout se décalant des images cinématographiques du moment pour appeler àse saisir de cette histoire qui est la nôtre. C’est aussi un entretien autour de l’acupuncture avec Chue Boisetelle qui est l’occasion de traverser les pratiques médicales orientales dans capitale française et de tracer une histoire et un dialogue entre Taipei et Paris.

D’autres corps prennent place dans l’analyse esthétique cinématographique notamment autour du documentaire de Werner Herzog Into the abyss par Laure Gauthier, documentaire qui plonge le spectateur au cœur d’un couloir la mort américain. C’est encore Emmanuel Burdeau qui poursuit son exploration de quelques séries contemporaines en approchant, notamment Master of sex, occasion de s’interroger sur une certaine histoire de la jouissance et ses dispositifs filmiques. Les corps sont aussi de danse avec Nicolas Le Riche et de littérature avec les taches de Suzanne Doppelt.

Enfin le numéro s’achève par un grand entretien avec la philosophe Barbara Cassin, occasion de dresser un beau portrait intellectuel de cette grande penseuse de la langue et la traductibilité du concept, occasion aussi d’y lire une femme qui est philosophe et d’une philosophe qui est femme, et donc cette question du genre et de l’identité, y compris dans le champ philosophique.


Bref, le numéro 67 de la revue Vacarme, précipitez-vous !



17 avril 2014
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