Monostiques paysagers [17]
Le 15 mai 2012, Rentilly
11 h 55
les bassins mis en eau, petite cracherie à la source et jet d’eau modeste devant le château, le miroir prend des gouttes
16 h 46
les feuilles cherchent à cacher les fleurs dans la troupe des magnolias sous un soleil de pluie, textuellement, vent froid
16 h 51
vues de la rue mes fenêtres à l’est, si généreuses au soleil levant, si glorieuses de l’intérieur, sont banales et dix-sept
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Le 16 mai 2012, Rentilly
11 h 12
ça herse et ça plante, ça passe le rouleau sur le carré de fleurs, deux tracteurs rouges, le contraire du camouflage, la fleur
11 h 18
je n’avais pas revu les hêtres de feu sombre une seule masse feuillue désormais ravalant l’individualité des quatre troncs
11 h 23
merde à Vauban, chantait Léo Ferré, et merde aux barrières Vauban, ces tristes préservatifs pour assureurs et sécuritaires
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Le 17 mai 2012, Rentilly
11 h 02
en hiver, les hêtres pourpres, ils n’étaient pas pourpres, ils n’avaient que le nom de pourpre inscrit sur le cartel au sol
11 h 04
hêtres pourpres, pourpres ; non-hêtres verts ; tentes blanches au sol vert car dépourvues de sol autonome ; ciel agité
16 h 15
le vent soulève de la poussière du sol des allées blanches éblouissantes et promène une feuille d’érable de l’an dernier
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Le 18 mai 2012, Rentilly
13 h 38
la longue existence du bois mourant mort avant qu’il soit véritablement méconnaissable au sein de l’originel humus
15 h
le feuillage des tilleuls relève plus de la salade touffue que de la tisane légère, les jeunes comme les vieux ont le don
15 h 38
il pourrait y avoir la mer, pour cause de colombages, les vrais comme les faux, mais il y a de l’eau dans les tuyaux
16 h 42
le sapin de Douglas, ils sont peut-être deux, se pose là par son parfum qui prend les devants, mélange herbe coupée
17 h 01
je compte un grand nombre d’« appareillages » différents sur le mur d’enceinte côté forêt, haut, bas, vieux et ravaudé
Jacques Jouet
1er juin 2012