Nicolas Tardy | Remémorations

Ecrivain et critique, on retrouve la dense bibliographie de Nicolas Tardy sur son site. Il est également l’éditeur avec Caroline Scherb des magnifiques Contre-mur dont on avait parlé ici et ici. Parmi les publications récentes de Nicolas Tardy, on signalera Un homme tout juste vivant - Pays des merveilles aux éditions de l’attente. [SR]


REMÉMORATIONS




Un album àla banane donnait la pêche dans un style loin de la salade de fruits jolie jolie qui ne plaisait pas spécialement àun couple de géniteurs. Le doigt du père dans la bouche n’était pas une métaphore ; sans lien, la sexualité s’explorait dans des volumes de papier. Un éclairage nouveau indiquait le temps qui passe, les poils accumulés sur des vêtements noirs. Était difficile àquantifier : le poids de la religion. Retenais mieux les prières que les tables de multiplication.

Les cristaux liquides préparaient le terrain pour l’époque du chou-fleur rhizomique. Une formule pestilentielle présidentielle se propageait. Déclenchaient une grimace : une radio riante initiant au régionalisme ; un couteau doté de l’inscription d’une croix interdite ; un ampli instable dont la musique cassait littéralement un pied. D’autres ― gelés ― étaient reçu en héritage.

La bibliothèque familiale révéla un intérêt, fut une porte d’entrée. La date de la révolution en ouvrait une autre ; n’était pas celle qu’un malaise poussait. En contre plongée, un pompier portait le nom d’un auteur ayant rendu célèbre une île fortifiée, où un guide omettait une plaque commémorative, fictionalisant un trou.

Entrevoyais le message sexuel sous-jacent dans une proposition de cueillette de rose. Celle-ci ― complétée ― formait un maigre bouquet avec celle de l’enfant vêtu de vert dans un désert livresque. Apparaissait une impossibilité d’ordonner ces fleurs en une rangée chronologique.

Sur une ligne aux accidents de personnes systématiques, une annonce répétée avait fait hurler. Tous sordides, tous crédibles : de multiples scénarios auxquels un suicide avait ouvert la voie. À la place du mort, voyais un nu sur un trottoir. Se superposaient des clichés filmiques. Pas de souvenirs de son sexe, ni de mains dissimulatrices. Une ― professorale ― cachait celui de la mère, l’enfant projeté.

Des mots non-dits ― contenus dans une main sur une épaule ― se passaient de commentaire. Un miaulement ininterrompu rentrait dans une veste déjàoccupée. Un fantôme était convoqué, donnant l’envie de foutre le camp àune gueule de matière première dans le miroir, ayant porté : cape, loup et épée au côté. Un corps d’enfant était retrouvé. À l’opposé, le sel rongeait le cuir après la visite d’une proto-bande-dessinée brodée. Se superposait un frondeur télévisé. Les fesses d’un autre ― sculptées ― étaient peinturlurées par des supporters.

Perdu, le nom de la ville était donné en réponse. Au détour d’un escalier : quelques carrés noirs. Vibrait le tout, plus important que la somme des parties plus nuancées chromatiquement qu’au premier abord. Sous un drap taché de sang, devinais la forme d’un corps. L’inscription d’un profil devenait un genre littéraire. Faisait apparaître la personne absente : la vue d’un manteau identique.

Entendais le mot tchèque répété dans un micro. Cramponnée au pied d’un autre : la similitude avec les traits du chanteur mort. Diminutif àl’accent allemand chantait une ode au reflet. La couleur d’une maison évoquait une chanson ; n’était pas celle au titre en forme de répétition, venant mentalement avec une autre intonation.

Un auteur était plus drôle hors que dans son texte. Le contraire arrivait. Disait une ressemblance avec un petit page, chez un jeune loup. Un pingouin publicitaire rappelait un rhinocéros muséal. Une représentation de star peroxydée se répétant et se répétant, était retrouvée sur les cimaises d’un musée visité et revisité au temps du service de la patrie salie par des camps d’entrainement ― cachés dans la forêt ― évoqués.

Appelé, sortais d’un lieu d’exposition, pour un retour ― précipité et vomissant ― se faisant sous une fausse appellation. Une autre ― d’une justesse imagée ― se référait àun dessin animé adepte du non-sens de l’enfance. N’osais imaginer celle de celle qui refusait d’écrire sur la nourriture. L’interdiction de jouer avec était régulièrement rappelée. Des transformations se faisaient àcoups de dents, révélant un pistolet pour un petit fils cow-boy amis des indiens, pour qui ne pas parler la bouche pleine était un principe qui ne rentrait pas.

Après les cours, des ébats avaient lieu sur le sol. Le sexe féminin était déjàun mystère. Un corps allongé au milieu du verre n’était pas une métaphore. En prenant un, racontais une histoire jugée fausse par sa source. Une bouche prônait un discours où une absence de particule laissait dubitatif. Une parole était officielle. Une poussière ne franchissait pas la frontière. Des avions reniflaient une cuisine dont la révélation horrifiait. L’origine ethnique demandée, tandis que l’homme ― au milieu de la nuit et de la rue ― continuait de hurler.

À chaque fin de soirée, massacrait Yesterday. Futur instrument de percussion, àdeux pas du Vieux-Port, se comportait comme un. Une note brève précédait. Une sortie était rapide. Un affrontement autour du mot porosité avait était rapporté. Frappait l’incongruité entre la formulation hurlée dans la rue et la violence supposée de l’agression terminée. La fin d’une tétanie giflée mettait mal àl’aise. Existaient : des nécessitées dans l’action ; des mà»res écrasées sur une carrosserie évoquant le sang.

Juin 2010
22 février 2012
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