Petite chambre/ Yves Charnet

D’un séjour des quatre saisons au château de Cayla, d’un poète, qui écrit pour être lu en 1832.

Le château de Cayla, propriété des Guérin, c’est dans le Tarn. C’est devenu un château-musée. C’est aussi une résidence d’écrivain. [1]

Yves Charnet y a séjourné. Il en avait délivré quelques notes pour l’anthologie Triages des éditions Tarabuste, des extraits dans la revue Nu(e), Po&sie 106 et le premier numéro des cahiers de la Table Ronde.

Et voilàaujourd’hui récrit son carnet rouge àpartir des notes de Cayla.

Ce qui nous permet une approche très empathique du "couple" : Maurice (1810-1839), et sa soeur Eugénie (1805-1848), Cahier Vert pour le premier, Journal pour la seconde.

Sonatine nous dit la quatrième de couverture ; connaissant le goà»t d’Yves Charnet pour le jazz et sa manière dont l’exploration autobiographique rejoint la quête poétique, je me permettrais d’évoquer Bill Evans et ses "Conversations with myself".

C’est aussi on l’a dit plus haut, un livre des quatre saisons, prendre les très belles pages sur l’été par exemple dont Yves Charnet nous dit alors qu’"il comprend la situation qui fut, du premier jour, celle de Maurice."
Voyez ces belles expressions :

Je suis l’enfant-horizon.
Cette couleur-femme que juillet donne àla chaleur.

Plaisir des mots sera donc de la lecture, avec ce phrasé si particulier d’Yves Charnet, cette fausse parataxe qui donne àsa prose son rythme poétique, et aussi nostalgie exhalée par ces figures du premier romantisme, celle d’une Eugénie, Emma avant la lettre, d’un Maurice devenu tellement René qu’il en meurt de langueur.

Ce récit poétique sera mis en voix par Denis Podalydès au Théâtre du Pavé , l’ami fidèle (déjàProses du fils avaient ainsi trouvé leur interprète).

Gil Pressnitzer en livre les éléments essentiels sur son site Esprits nomades. A vous de voir, àvous d’écouter, àvous de lire ! et peut-être, comme Mauriac souscrirez-vous àceci :

Des siècles de perfectionnements sont nécessaires pour qu’une famille française, àun moment de son obscure histoire, se pare du coup, àsa cime de deux fleurs fragiles et admirables : Eugénie et Maurice.

François Mauriac,
Le drame de Maurice de Guérin.