Poids lourd, poids léger

(La souris roule sur l’image.)

Le camion (poids lourd) écrase de sa dimension celle des voitures, dont le design est cependant plus libre, et impressionne les automobilistes, les cyclistes, les piétons ou les désormais rares auto-stoppeurs.

Le camion ressemble à un iceberg monté sur roues, c’est notamment le cas des véhicules frigorifiques.

Avoir conduit un Berliet kaki, en faisant des ronds dans la cour d’une caserne pour éliminer des stocks d’essence trop abondants, permet de mieux apercevoir plus tard la position dominatrice que le conducteur de ce type d’engins acquiert. Les possesseurs d’énormes 4 X 4 (on n’ira pas jusqu’au Hummer) considèrent également le monde de haut.

Les camions américains, popularisés par quelques inoubliables road movies, nous en mettent plein les yeux : ces mastodontes qui ressemblent, avec leur tuyaux d’échappement verticaux, à des usines mobiles, font partie d’un paysage sans frontières, autoroutes dans le désert, blocs gigantesques de pierres safran du Grand Canyon (du grand camion), et, dans l’air sec, le déchirement des klaxons émis depuis leurs doubles trompes d’aluminium.

Il y a peu de chauffeuses de camions : en général, elles sont présentes dans la cabine uniquement sous forme de photos (pin-up). Ou bien, certaines statuettes sont fixées, comme les figures de proue des vaisseaux antiques, à l’avant du capot du véhicule, quand il est proéminent.

Le camion peut être un film virtuel, un roman non écrit, un conte de Noël, un rock déjanté, une pièce de théâtre forcément de boulevard, un semi-remorque miniature (poids léger) qui rappelle alors des souvenirs en semis photographiques.

C’était une charrette, c’est encore un récipient où l’on délaye la peinture : l’hyperréaliste Robert Bechtle, par exemple, prouve que le tableau représentant une Chrysler (modèle 56) peut être « beau comme un camion ».