Que de punctums !

Dans la Chambre claire, Roland Barthes nous offre un outil merveilleux pour regarder les photographies, la dualité du studium et du punctum.

Dans cet espace très habituellement unaire, parfois (mais, hélas, rarement) un "détail" m’attire. Je sens que sa seule présence change ma lecture que c’est une nouvelle photo que je regarde, marquée à mes yeux d’une valeur supérieure. Ce "détail" est le punctum (ce qui me point).

Il n’est pas possible de poser une règle de liaison entre le studium et le punctum (quand il se trouve là). Il s’agit d’une co-presence, c’est tout ce qu’on peut dire ... (...) ... mais de mon point de vue de Spectator, le détail est donné par chance et pour rien ; le tableau n’est en rien "composé" selon une logique créative ; la photo sans doute est duelle, mais cette dualité n’est le moteur d’aucun "développement", comme il se passe dans le discours classique. Pour percevoir le punctum, aucune analyse ne me serait donc utile (mais peut-être, on le verra, parfois, le souvenir) : il suffit que l’image soit suffisamment grande, que je n’aie pas à la scruter (cela ne servirait à rien), que, donnée en pleine page, je la reçoive en plein visage.

Très souvent, le punctum est un "détail", c’est-à-dire un objet partiel. Aussi, donner des exemples de punctum, c’est, d’une certaine façon, me livrer.

Que dire des photographies de Diane Arbus tant elles ne sont que punctums ! Et comme l’inconfort qu’elles créent pour nous révèle (livre), in fine, combien nous sommes naturellement peu aptes à la différence.

11 juin 2005
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