Raluca Maria Hanea | sûre la cave







sclérotique










où mènes-tu

le soir dont la couchée s’enflamme ?



(ou serait-ce les voies du sureau)



prête-moi cette faille

suppliée - suppliciée

un petit bois dans les cils

imbibe la pierre blanche

par-là les pierres vieillissent



un poème où il lâche




vient déposer son long cou

au fond de la jatte

Lazare bleu nuit



ne regarde pas la terre

entrent

les liens pochés d’un larron ikb




tantôt lavé plutôt sans nom

un îlot s’environne

quand j’attends que tu frôles l’abîme

des paroles à peine haussées





de mémoire,

une origine du monde

veille à se jeter dans la mer

les Perséides jettent la mer







LA MER EST VIDE







mot-dit advient le mur

où tu es l’ombre des fleurs découchées


tu es une autre amande en feu

jouant à colin-maillard

avec les yeux des vivants




qui dirait-ci qu’une voix sonne ?



dents rêches

lents

moulinets de camarine noire

de haut

commandent la dune

et affinent


un jour viendra ici brûler son ombre








cet oiseau bleu que j’attire des deux mains

les mains jointes

éboulis de la nuit qui va grêle

cueillir

les visages dans leur coude amoureux





ta bouche est soudain le fruit vengé

(un flanc décidé de chaleur)




cette guerre aussi éloignée







deux jours sans se baigner

deux joues

bleu criée

versant

pluies





je ne peux assez soulever ton silence

que nous parions en vagues inconnues





once more blow it to smithereens

un coup de pied dans les coulemelles




where does the heart snap ?

where does



your mind ?










(rapide)

les prétendants de la reine

vont un par un à la noyade



si tu veux opposer tes frayeurs








(sous la loupe)

je n’en serai une carpelle dressée

mais une longue salée

une langue flottant



l’espace qui suivrait

vide vif

insensé








tu me tends parfois la main lunée

ton prologue acide

viatique



fait sonner les osselets



trois jours que les mêmes heures chutent




oui, c’est déjà l’été




qui voudrait dire que tout est préférable à la fuite ?








légère ce matin je ne lui touche aucun bord


météores enfermés sous nos peaux,

les os se

remettent à la forme de l’oubli

une tête ronde

déserte sa migraine



je veux vivre longtemps ! dit-elle alors

cet oiseau sur l’épaule bleue




surie

relique aux abois

se pelote contre le mot nuque





avance vers moi comme une statue de femme qui

s’écroule





je me détourne

l’image-éclat

l’image est inquiète

si glissent ensemble blancs et ronds

en perdant toujours sa clameur





les hortensias ne sont que prêtes à hiberner

dont je sors à veiller un temps

qui se lasse


ressassant alvéoles molles


la falaise

jouant finement

les doigts les pieds sous la robe

armoise



quand

appelant ce noyau

en appelant plutôt à toucher ce noyau



les souvenirs

à mordre à lécher

cette fleur qui monte


un lent ajustement




en puissance revenir

recouvrir

attentive

Where does your heart snap ?



regarde en plein milieu l’œil avant de bouger, avant d’enlever à l’envie



son alvéole

rose tendu

son centre qui baille



qui bâillonne

les fleurs coupées



mes yeux n’ont pas de contour

sous l’espace balloté



nous sommes secrètement

mains veinées néon aorte

éreintés






Raluca Maria Hanea est née en Roumanie en 1982. Après des études de lettres et de cinéma, elle vit et écrit à Paris. Elle a publié dans Averse, N47, Aka et publié ses traductions du roumain dans Secousse et Poesis International.

2 novembre 2014
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