Rencontre avec un habitant

Un habitant, des habitants…

C’est allant au-devant d’un habitant pour me lancer dans l’écriture d’une ville, (que je ne connais pas comme ma poche), que me voilàdétournée de mon projet initial. En effet, l’habitant me remet àma place : « Â Un écrivain nous rappelle sans cesse d’où l’on vient.  »Â Je me suis alors souvenue d’un projet de théâtre, fait voilàdes années qui tirait sa source de Gramsci : « Â Dis-moi qui tu es, je te dirai d’où tu viens.  » La vision de cet habitant commençait àse teinter de bleu, de rose, de tout ce qui fait que la vie s’embellit àla lueur de l’imagination. Il n’était plus question d’un langage teinté de réalisme qui sort tout droit justement d’un « Â théâtre du réel  » mais d’un lieu réinventé. Je me dis que si chez ce Vitriot, il y avait ce désir de se montrer différent, pourquoi ne pas transposer son vécu dans une vie fantasmagorique. Celui qui me parlait, rêvait de revenir aux années Mastroianni, Visconti quand le cinéma italien avait encore une place prépondérante dans la société, où de nombreux films américains étaient tournés dans les studios de la Cine città. Ecrire sur Vitry c’est alors faire de cet habitant un être àpart. La Cité Balzac, où il vit, poussait le vice de se transformer en un lieu imaginaire contenant la cité ouvrière de Rocco et ses frères ainsi que les drive-in, le samedi soir…

Le texte a été transposé afin que les 20 jeunes filles de la classe du lycée Camille-Claudel, où j’interviens, et les 2 garçons puissent se glisser dans la lecture.

Photos : Rocco et ses frères ;
François Lequeux - La dernière barre démolie àla cité Balzac .

4 novembre 2015
T T+