Stéphane Korvin | Une histoire de dettes

Cette image, je l’ai prise début janvier 2014. Passant devant ce petit parc, j’ai vu ce banc déserté. Puis, après quelques pas, j’ai fait demi-tour, j’ai attendu quelques instants. Et j’ai pris cette image. Un peu inquiet, un peu terrifié. Et plus tard, un peu amusé me rendant compte que l’image (celle vue, celle prise) était une surface de projection. Ce qui avait vacillé en moi était l’idée de la disparition. Parce que j’ai toujours été très ébranlé et inquiété par les chaussures laissées dans la rue, souvent au bord d’un trottoir, par les vêtements étalés dans l’absence des corps sur d’autres trottoirs ou routes des villes. Mais l’on pourrait sans doute envisager d’autres interprétations, d’autres chemins d’imagination...
J’ai donc soumis la photographie autour de moi à différents auteurs avec comme proposition la saisie libre de cette image. Voici donc une variation d’écriture et de lecture.

Sébastien Rongier


Stéphane Korvin | Une histoire de dettes



Une histoire de dettes, je ne sais pas quoi
Bleu, rose
Je n’arrive pas à construire mes phrases
D’habitude ça fait de moi un horrible personnage
Je prends le temps, le banc c’est mon truc
Les objets laissés aussi, bleu, rose, en tous genres
Une dame ayant retiré toutes ses économies à la banque
Avec trente mille euros dans un sac
Ayant pris le métro, le sac à ses pieds
On rêve, elle l’oublie, on lui rend, ça n’arrive plus ces choses-là

Tout ce qui est écrit dans le journal n’est pas vrai
Du plastique, puis rien
Elle s’est fait voler
Elle ne veut pas rendre sa peau
Elle attend à côté de la photographie
Avec l’arbre vert
Le disparate, quatre couleurs et la pluie
Elle attend comme on s’éparpille


Stéphane Korvin

On retrouve l’ensemble des contributions ici.

1er juillet 2014
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