Vianney Lacombe | Série Tarkos #6 | Je sais lire + La danse des zigotos
Dans Je sais lire, le blanc de la page impose une présence qui est le vrai sens du texte, l’endroit réellement lisible (visible), qui fait du poème un lieu construit par l’absence des mots en déroute. Ainsi Je sais lire est-il une délimitation de l’espace dans la page, comme l’ensemble des poèmes qui composent Oui, chacun d’entre eux mettant l’accent sur une dimension différente dans laquelle le texte trouve sa contrainte, qu’elle s’appuie sur le blanc du papier, sur l’espacement du corps des lettres, les majuscules, les minuscules ou toute autre particularité typographique, tous ces poèmes étant faits pour donner à l’agencement de la page une signification plus grande que celle de l’écriture qui se trouve dépouillée de tout ce qui ne lui sert plus actuellement : il l’enlève de son poids, la réduit à néant pour nous permettre de voir sur quoi elle repose : l’inexistence du monde présent.
La danse des zigotos ne sert pas à danser : elle sert à montrer le vide avec des mots, puisqu’à la fin du poème il ne reste rien, ni centenaires, ni casquettes, ni zoulous, ni British Petroleum, et le but poursuivi par Christophe Tarkos (malgré le comique assumé de son texte) est de ne rien montrer, de laisser le froid du vide envahir la page par en dessous, alors que tous les danseurs continuent de s’agiter à la surface, ainsi que les TROUS TRES TRES PETITS.
Christophe Tarkos, « Je sais lire » (p.195-196) et « La danse des zigotos » (p. 200-202), Écrits poétiques, P.O.L. éditeur, 1998,