Philippe
Rahmy / Une fin des certitudes |
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chronique
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chronique n°
8 : à quand la liberté? en
écho à la chronique de Ronald Klapka: "Adonis, chevalier
d'étranges paroles"
Ensuite je me dis que je diverge d'Adonis pour tout le reste, parce que je ne déplore pas la décrépitude d'un siècle qui ne décrépit pas, parce que je ne vois nulle stèle à redresser (je pense par exemple à Prigogine pour me convaincre de l'inanité de toute restauration, dans le cosmos comme en art), parce que la lumière à laquelle j'aspire ne tient ni du brillant, ni de l'évidence, mais qu'elle est d'abord fille d'obscurité et pourvoyeuse d'embarras. Je ne veux rien devoir aux pratiques de l'alchimiste ni à celles du semeur, engranger l'or ou le grain au mépris de la gangue ... Ce que je trouve ne tient pas au feu. La poésie a joué,
magnifiquement, son rôle. Elle a créé des manières
de voir l'univers en sa pleine fraîcheur et l'existence en
sa pleine beauté. Toujours le Paradis Perdu... on n'en sort pas! Me semble au contraire que qq chose de l'ordre d'un bonheur est possible justement là où et parce que notre vieux socle ontologique est parti en morceaux. Que la liberté "neuve" est celle de l'âge adulte qui s'épanouit aux ruines de son ancienne demeure et pour qui vivre n'est plus s'abriter, mais coucher aux champ de pierres pour rouvrir sans cesse cette blessure de gorge qui affranchit de la fureur de posséder, et du désespoir d'avoir perdu. Oedipe sur la route H. Bauchau, ... ayant arpenté l'orbe nocturne de son propre désert il chante,... il chante son corps mutilé qui se dégrade et ce chant fait autour du vieillard comme un essaim, désordonné flux du dedans qui se retourne sous de grands arbres se mouvant Dupin. C'est pas si neuf en somme, ce genre de liberté ni de blessure "féconde"!... |