Ludovic Hary | Fiction et friction : les voix de Monica Sabolo (1/4)


L’imprévisibilité du livre

D’où vient qu’un texte tisse une complicité forte avec ses lecteurs ? Qu’il semble s’adresser à chacune, à chacun, en particulier ? Une atmosphère, le fil d’un récit, des thèmes (un ensemble de signifiés, mais au sens musical aussi : des leitmotivs), une simple phrase peuvent ainsi créer le sentiment d’une rencontre ayant déjà eu lieu. Peut-être toute rencontre, d’ailleurs, se décline-t-elle sous l’égide de ce fantasme, au futur antérieur : toi (le livre) et moi (la lectrice, le lecteur), ce n’est pas la première fois que nous nous voyons, nous nous serions déjà croisés, donc.

Dans La vie clandestine, publié chez Gallimard en 2022 (nous citerons sa réédition en Folio, 2024) qui n’est ni sous-titré « roman », ni « autobiographie », la narratrice raconte que sa vie s’abîme, son appartement semblant épouser les humeurs de son occupante : ces deux vivants (on verra que chez Monica Sabolo tout, ou presque, s’animise) sont en mauvaise posture : « il avait plu dans le salon » (p 20), et page suivante : « J’étais incapable d’écrire. Les piles de livres qui s’entassaient au sol, disséminées le long des murs de ma chambre, me donnaient la nausée. La littérature m’avait permis de me tenir quelque part, d’exister dans un espace décalé, mais désormais, cet endroit avait disparu » (p 21). Panne d’écriture, dégâts des eaux. En outre, un voisin pilonne les murs, la nuit, au-dessus de chez elle et perturbe du même coup son sommeil. Le moral est en berne. Pour se sortir du marasme, et au retour d’un voyage, la narratrice déclare : « j’ai pris une grande décision : j’allais écrire quelque chose de facile et d’efficace, qui aurait des chances de se vendre et me permettrait de survivre » (p 28). Un feuilleton radiophonique sur le groupe d’extrême-gauche Action Directe retient alors son attention, elle vient de trouver son sujet.

Lequel n’a rien à voir avec elle, pense-t-elle au départ. L’enquête s’amorce, le rassemblement d’archives télévisuelles, journalistiques et livresques (certains ouvrages ayant été écrits par les protagonistes eux-mêmes, dont Jean-Marc Rouillan) va lui prouver le contraire. Non seulement l’efficacité programmatique du livre à écrire, que la narratrice appelait de ses vœux, cède peu à peu la place à une investigation longue, parfois décourageante (« Les premiers temps, le projet de livre facile et efficace paraît mal parti », p 62) mais en outre, toute cette matière rassemblée commence fortement à résonner en elle : « Je ne savais pas encore que les années Action directe étaient faites de ce qui me constitue : le secret, le silence et l’écho de la violence » (p 30). Ainsi la progression, page par page, du livre s’écrivant se conjugue-t-elle avec son imprévisibilité. Écrire est une aventure, une torsion à tout programme initial. Plus largement, tout art se faisant n’est-il pas un évènement pour qui le fait ? Je songe, ici, à un dialogue transdisciplinaire, justement, entre le romancier Claude Simon et le peintre Pierre Soulages : Simon dit à son ami que lorsqu’ils travaillent, ils sont comme des artisans. Non, lui répond Soulages, parce qu’un artisan, il va faire telle table, telle chaise, nous, nous ne savons jamais ce que nous allons faire (Le bon plaisir de Claude Simon, France culture, 6 février 1993). Que va donc faire Monica Sabolo ?

À qui demanderait pourquoi cette narratrice, sinon Monica Sabolo elle-même (l’auteure, on va le voir, n’est pas tout à fait sa narratrice) rapproche sa propre histoire de celle des militants d’Action directe, il faudrait plutôt répondre, ce n’est pas tant elle qui procède ainsi, ce sont à la fois le livre et elle-même qui décident de ce rapprochement (le livre est l’auteur de l’auteur, écrit le romancier et poète Ludovic Janvier), à la manière dont on parle en psychanalyse de réalité psychique : ce rapprochement est vrai pour moi. Les lecteurs ensuite, décideront de le faire leur, ou pas. Décideront, vraiment ? N’arrive-t-il pas que, par une aimantation puissante, un livre nous captive en quelque sorte malgré nous ? Alors, prudence avec le verbe « décider », qui dans La vie clandestine occupe une place toute particulière. Car, décide-t-on, semblablement, de passer du militantisme à la lutte armée, d’être empathique, après, longtemps après, avec ceux qui en auront été les victimes, de demander le pardon ou d’accueillir le pardon ? Peut-être, mais à condition qu’on cesse de considérer la décision comme un point géométrique du temps, ou seulement comme cette césure isolable.
Et pourtant. L’étymologie le dit, décider, c’est couper, c’est trancher. Mais quoi ? Couper le temps en deux : il y aurait désormais un avant et un après elle. Après la décision prise, rien ne sera plus comme avant. En principe.

Approche, réticence, approche

Une sorte de balancier, un mouvement d’approche et de réticence porte la narratrice vers Joëlle Aubron et Nathalie Menigon, qui ont assassiné le Pdg de Renault Georges Besse en novembre 1986 devant son domicile. La voici visionnant un film où Aubron raconte « la brutalité du pouvoir, les restructurations, les vagues de licenciements, mais aussi l’offensive idéologique qui consiste à nier l’existence d’une conscience de classe, à vouloir transformer l’individu en entrepreneur, en prétendant que l’époque est celle de la conquête personnelle. On observe alors un mouvement dans son corps, à peine perceptible mais que je reconnais, une façon de se recroqueviller qui évoque le souvenir d’une blessure. Je perçois la violence qui lui fait mal, celle d’une force plus grande que soi refusant l’idée même de l’autre, un autre que l’on broie en lui signifiant qu’il est un perdant, responsable de sa chute. » (La vie clandestine, pp 188-189). « … que je reconnais » écrit la narratrice : celle qui parle à l’écran lui est donc en quelque façon familière. Au paragraphe suivant, elle pousse plus loin l’identification : « Mais peut-être Joëlle Aubron cherche-t-elle avant tout à justifier les meurtres qui vont suivre, lorsqu’elle affirme que « de temps en temps, ils peuvent quand même prendre des coups dans la gueule » (p 189). C’est ma blessure que je vois, dans ce corps qui se rétracte, c’est moi, cette fille en pull-over noir, transpirant l’indignation, car lorsque je la revisionne, le jour suivant, la scène m’apparaît entièrement différente : Joëlle Aubron agite ses mains, elle s’anime, mais son corps ne diffuse plus rien – il s’est redressé durant la nuit, on l’a expurgé de sa douleur. Pourtant, même si sa vérité m’échappe, même si, dans cette histoire, je ne peux me fier à quiconque, et à moi encore moins qu’aux autres, une certitude demeure : la colère est là, je reconnais sa vibration » (p 189).

Passage foisonnant : même si la narratrice perçoit Joëlle Aubron tantôt en douleur, tantôt en colère (la « vraie » Joëlle Aubron n’existe pas, ou du moins existe autant de fois, phénoménologiquement, qu’on la regarde et qu’on l’écoute), son apparition à l’écran constitue, pour elle, comme le corps conducteur et de sa propre douleur, et de sa colère d’avoir été abusée par son père (père affectif, père affectueux, même, à l’origine, père affectif, mais pas biologique, découvrira-t-elle à seulement vingt-sept ans) : « Je me souviens du jour où ma mère m’a dit que mon père n’était pas mon père » (p 78). « J’ai vingt-sept ans quand je déclare à Yves S. : « Je me souviens de ce que tu m’as fait quand j’étais petite » ( p 251). Le tour perecquien de la phrase (il est d’ailleurs à noter qu’un des « Je me souviens » de Perec évoque la bande à Baader, dont il est également question dans La vie clandestine) vient scander deux traumas, les séquencer dans le temps d’une vie. Et lorsque la narratrice évoque Nathalie Menigon, s’approche d’elle, qu’en dit-elle ? : « Jamais je n’ai été aussi près du but : me confronter à l’ex-ennemie numéro 1, celle qui, parmi les membres d’AD, me touche et m’effraie le plus. Sonder son cœur et ses regrets. » (pp 328-329).

La puissance d’aimantation du texte procède ici du fait que la narratrice, comme dans le cas de Joëlle Aubron, manifeste à la fois de l’empathie et du rejet pour Nathalie Menigon. Le premier affect parce qu’à leur instar, elle éprouve le sentiment d’une injustice, le second puisque pour (croire ?) la réparer, elle n’a pas elle-même été jusqu’à tuer l’auteur du crime. Rejet, est-ce si sûr ? Et si la narratrice n’avait pas, plus d’une fois, fantasmé d’en finir physiquement avec Yves S., son beau-père ? Mais là encore, il y aurait à la fois rapprochement et hiatus avec les deux militantes d’Action directe, car le fantasme est en général ce théâtre intime qu’on s’invente (et qui s’invente en nous), et nous change, un peu (nous soulage peut-être), mais c’est un événement qui n’est pas un passage à l’acte. Apparemment. Car il faudrait raffiner ici la définition de ce qu’est un « acte » : et la confidence thérapeutique (la narratrice, rappelons-le, suit une thérapie), et le présent livre, La vie clandestine, dans le fait de révéler, via des mots, à ciel ouvert, ce qui fut longtemps tu dans l’entourage, deviennent des actes. Ils font être ce qu’ils disent, ils sont animés d’une puissance performative et peut-être cathartique en révélant que le père est en fait le beau-père, et qu’il s’est rendu coupable d’une violence sexuelle sur la narratrice, et sur Monica Sabolo elle-même.

Bascule, basculer

Disons alors, cette clarification établie, que ce texte, La vie clandestine, est hanté par la question du passage à l’acte physique. On y sent, à mesure des pages, s’installer un climat incestuel, « … mon père racontait des anecdotes, jambes écartées, un cigare à la main » (p 155). Et plus loin : « À quinze ans, en vacances, je sors avec un Australien de vingt-cinq ans, un surfeur a physique d’homme, brun et sexy, mais dont la maturité est proche de la mienne, soit celle d’un enfant. Nous nous promenons sur la plage, en évoquant notre passion pour l’océan et les poissons. Nous nous glissons dans mon lit, dans ma chambre d’hôtel, tout habillés, en jean, et nous restons là, côte à côte sous les draps, dans l’obscurité. Nous nous embrassons, mais il y a toujours ce moment où sa main va trop loin, c’est une brûlure, elle nous brûle tous les deux, et nous nous écartons précipitamment. » (p 162). En l’apprenant, « mon père devient fou. Il hurle, demande si je veux « me faire sauter par la terre entière », je suis une pute, une menteuse. » (p 163). Et le climat incestuel que le lecteur pressent, il le voit ensuite basculer dans un geste incestueux. Voilà ce que découvre, et dans cet ordre, la lecture, car, pour la narratrice et pour Monica Sabolo, l’inceste a déjà eu lieu, et l’écriture en tisse la réminiscence : « Tout est silencieux. Il y a seulement cette main, la main de mon père, sous ma chemise de nuit, qui bouge lentement, très lentement, et remonte entre mes cuisses, en appuyant de plus en plus fort, poussant pour les desserrer ». (p 245). Un (beau-) père capable d’une rare perversité, notamment lorsqu’il dit à la narratrice, des années après son crime : « J’ai dépassé ça, tu dois le faire aussi, et cesser d’y revenir sans cesse ». (La vie clandestine, p 255). Autrement dit : tu dois dépasser mon crime.

De leur côté, pourquoi Nathalie Menigon, Joëlle Aubron, Jean-Marc Rouillan, Régis Schleicher basculent-ils dans la lutte armée ? Comment passent-ils d’un sentiment d’injustice et de révolte contre une société verticale, verrouillée, paternaliste et phallocratique, un avis partagé par beaucoup de leur génération dans l’après 68, à la lutte armée ? Venger la mort de Pierre Overney, militant tué par un vigile devant l’usine Renault, en 1972, en est l’un des motifs invoqués. C’est le nom en tout cas que portera le commando tuant Georges Besse. Certes. Mais qu’advient-il dans l’instant de la décision : « Je tente de comprendre, je n’y parviens pas. Je ne vois que deux femmes qui s’approchent d’un homme pour le tuer. À quoi pensent-elles ? Que se passe-t-il, dans la tête de celle qui perd son chargeur, et ne peut faire feu ? Que se passe-t-il, surtout, dans la tête de l’autre, celle qui tire ? Qui est seule à décharger les trois balles que l’on retrouvera dans le crâne, l’épaule et le thorax de Georges Besse ? Celle dont le geste est celui qui donne la mort ? Comment vit-on avec cela ? » (pp 55-56). Et, ricochet biographique, comment Yves S., le beau-père de la narratrice, vit-il avec « cela », le viol qu’il a commis, et dont il se dédouane en disant que « ça arrive » dans les familles, comme une sorte phénomène récurrent, structural, dans quoi, en conséquence, sa responsabilité ne serait pas engagée ? Nathalie Menigon et Joëlle Aubron, elles, ne se dédouanent pas ce qu’elles ont fait pour des raisons politiques. Les deux crimes se répondent l’un l’autre pour la narratrice, même s’ils n’ont pas, objectivement le même statut : analogie et pas équivalence, donc. Mais, à fouiller, on pourrait dire que l’inceste commis par Yves S., pour privatif qu’il soit et explicable (ou pas) par une certaine histoire personnelle, une psychologie, puise aussi ses ramifications dans la structure sociale du machisme et du patriarcat. Porosité, donc, entre le psychologique et le politique.

Plus loin dans l’ouvrage, après s’être entretenue, pour la deuxième fois, avec Helyette Bess, une compagne de route d’Action directe, d’une génération plus âgée (elle est née en 1930), sorte de mama du groupe, de tante symbolique, à la fois politisée, affectueuse et attentionnée : « … j’aimerais m’asseoir à côté d’elle et lui poser d’autres questions. Savoir de quelle façon, ensuite, cela a dérapé. Qu’elle me dise si on voit ces choses-là arriver, ou si elles surgissent, sans que l’on puisse ni les prévenir ni les arrêter. » (p 178). Le recours aux armes, aux armes létales (car les slogans, les manifestations, les sit-in et les tracts sont des armes, mais pas mortelles) de Jean-Marc Rouillan, Nathalie Menigon, Régis Schleicher, Joëlle Aubron a-t-il été l’objet d’une sorte de maturation longue ? L’ont-ils décidé ou faudrait-il dire plutôt que ça s’est décidé en eux ? Les deux, sans doute, et la décision, toutes les décisions qui tissent nos vies, les trament et les effilochent parfois, ne refabriquent-elles pas chaque fois cette métisse ? Décide-ton semblablement d’avoir du remords (d’avoir tué un homme, abusé d’une fillette) ?

Lorsqu’elle se rend au chevet de son (beau-) père mourant, la narratrice décrit elle-même cette dualité du « ça (te) pardonne en moi » et du « je te pardonne ». L’homme est alité à l’hôpital de Lausanne. Elle lui prend la main, « il a agrippé mon bras, et tenté de dire quelque chose. Je sentais combien il aurait voulu pouvoir dire cette chose, quelle qu’elle soit. Ses doigts serraient de plus en plus fort, alors que sa bouche s’ouvrait, mais il ne parvenait pas à parler » (p 291). La narration s’arque ici en phrases courtes, saccadées, suffocantes sans doute à écrire et pareillement angoissantes à lire, car le lecteur et la narratrice y conjoignent anxieusement leur espérance, peut-être, que cette « chose » qu’Yves S. veut dire, ce soit justement la demande de pardon pour ce qu’il a commis sur sa (belle-) fille. Cette demande n’est pas formulée verbalement. Mais qui pourrait assurer qu’elle n’a pas lieu ? Et c’est en quoi ce passage nous serre la gorge : il nous fait éprouver non pas, ou pas tout à fait, l’occurrence factuelle, empirique, avérée, du Je te demande pardon, mais l’envie que nous avons d’y croire, de croire que « ça » a eu lieu. Monica Sabolo invente en ces lignes la scène inédite d’une demande de pardon gestuelle, d’une demande de pardon à froid, d’une demande de pardon à blanc. Même si le pardon fait, de la part de Yves S., ailleurs dans le texte, l’objet d’une verbalisation, mais oblique, retorse : « Je pensais te demander pardon un jour, là-haut, quand nous serions morts » (p 253). Il faudra que je sois mort pour que ma demande de pardon soit vivante, autrement dit : je suis responsable, mais je n’assume rien… terrestrement.

D’ordinaire, dans « la » littérature, au pardon demandé verbalement (par écrit ou oralement) répond (ou non) le pardon accordé, soit un moment d’intense verbalisation. Il faudrait ici relire Shakespeare, Molière, Racine et tant d’autres, où le pardon est scénographié, dialogisé comme tel. Chez Sabolo, seul le pardon accordé est verbalisé : « Je t’ai pardonné, papa. » Ensuite, je lui ai parlé, en regardant le mur, pour me donner du courage. Dans le train, j’avais réfléchi à toutes les choses que je voulais lui dire. » (p 292). Mais quand elle ira, en compagnie de son frère, visiter la tombe de son père en France, cette fois-ci, au cimetière de Colombes, elle dira : « Papa. Tu as fait des choses terribles. Je te pardonne, et je ne te pardonne pas. » (p 410). Chez Sabolo, les deux sont vrais, car la sensation de l’un et de l’autre (qu’il y a du pardon et qu’il n’y en a pas) s’entrelacent, s’épaulent indéfiniment, cette oscillation étant elle-même travaillée par ce duo : ça décide de pardonner en moi, je décide de pardonner. Ou, au contraire ça ne décide pas, je décide de ne pas. Et si Monica Sabolo n’est pas tout à fait sa narratrice, c’est précisément parce que ce n’est pas tant son moi circonstantiellement quotidien, changeant, fluctuant, qui produit de l’écriture (dont cette scène du pardon incluse dans La vie clandestine) que son moi sédentarisé à une table de travail, un peu monacal, peut-être, en tout ramassé sur lui-même (ou tentant de l’être le plus possible) le temps de l’écriture : il faudrait dire alors que c’est son moi écrivant… qui, de ligne en ligne, de page en page, « fait » le livre (et est fait par lui). Son moi écrivant : une figure qui est Monica Sabolo, mais pas tout à fait elle ou alors elle, mais de biais. Et si le pardon donné, semblablement, n’était-lui-même si effectif que par un semblable décentrement du moi « quotidien » ? Accorder notre pardon nous ferait-il, chacun, chacune, le temps de son énonciation, basculer dans un « autre » moi ? Lequel ? Un moi qui, par la puissance, supposée unifiée, du pardon décidé (on voit que chez Sabolo, elle ne l’est pas : je te pardonne, papa / je ne te pardonne pas), ouvrirait un ordre neuf d’évènements dans le monde (un temps neuf, une réconciliation avec l’autre, et avec soi-même) : on pense ici au moi nouménal de Kant, cette capacité à nous déprendre de l’ordre phénoménal (on dirait aujourd’hui physico-chimique et affectif) qui nous détermine ordinairement et à poser un acte de liberté, lequel engendrera à son tour une série nouvelle de gestes, de pensées, d’actions.

Nous citons et citerons les textes de Monica Sabolo dans les éditions suivantes :

Le roman de Lili, JC Lattès, 2000.
Jungle, JC Lattès, 2005, Le livre de poche, 2007, 5eme édition, 2022.
Tout cela n’a rien à voir avec moi, JC Lattès, 2013, Pocket, 2015.
Crans-Montana, JC Lattès, 2015, Pocket, 2017.
Summer, JC Lattès, 2017, Le livre de poche, 2019.
Éden, Gallimard, 2019, Le livre de poche, 2021.
La vie clandestine, Gallimard, 2022, Folio, 2024.
Les Weirdos (illustré par Mathieu Sapin), Gallimard Jeunesse, 2024

25 juin 2025
T T+