004.Allais (Alphonse), Album primo-avrilesque.

Alphonse Allais, Album primo-avrilesque, éditions Al Dante, 2005.

« Paru chez Ollendorf en 1897 sous le titre Album Primo-avrilesque, il est au format In-16° oblong (dit “à l’italienne”), de 24 x 16 cm) et comprend sept aplats monochromes de 14,5 x 7 cm chacun : noir, bleu, vert, jaune, rouge, gris, blanc, suivi de La marche funèbre. Cet ouvrage bibliophilique, au tirage très restreint, a été très peu vu, sauf par certains des grands passeurs du XXe siècle (on en trouve l’édition originale, par exemple, dans la bibliothèque d’André Breton). » Marc Partouche.
En 1882, est exposée à la première exposition des Arts incohérents, une toile entièrement noire de Paul Bilhaud (1854-1933) Combat de nègres dans une cave, pendant la nuit. Alphonse Allais en systématisera le procédé et produira six autres toiles monochromes qui seront exposées aux expositions suivantes des Arts incohérents. Il réunira par la suite ces sept monochroïdes (dont celle de Bilhaud) dans un livre, en 1897, suivis d’une Marche funèbre, une partition vierge (annonçant le 4’33 de Cage ou les 45 tours à graver de Maurice Lemaître, 1971).
Avec l’Album zutique (1871), et Vexations (1893) de Satie, l’Album primo-avrilesque, — première systématisation d’une longue lignée de monochromes (on en trouve des formes isolées bien avant, dans Tristram Shandy, vol. I, chapitre XII, par exemple) — mais figurative, ce qui le distingue de ses successeurs — reste un des gestes initiateurs majeurs de l’avant-garde. Il est notable que certaines de ces propositions radicales, sont le fait d’artiste dont l’œuvre protéiforme juxtapose des propositions relevant indifférement du mode dit populaire ou du mode dit savant (Duchamp également bien sûr) et que ces modèles ou prototypes seront par la suite isolés, systématisés, maximalisés, tout en abandonnant parfois l’espace agénérique d’où elles étaient issues.

4 mars 2011
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