(16) Lecture des 100 carnets cueillis ce matin

A l’occasion de la Nuit Blanche, chacun était invité à écrire à propos de son adolescence sur un carnet, et à accrocher ce carnet sur un arbre monochrome (les carnets rouges allaient dans l’arbre rouge, les carnets jaunes dans l’arbre jaune, etc.) En échange, chaque visiteur recevait le carnet d’un patient contenant son récit d’adolescence.

Le lendemain de la Nuit Blanche (le dimanche 5 octobre), je suis allé cueillir les carnets des visiteurs.

Extraits :

« A 16 ans, j’ai perdu ma grande sœur qui s’est pendue sur un arbre. »

« Bonsoir, Je m’appelle Eric. Ce que vous allez lire doit rester entre nous. Sinon je boude (…) »

« Quand j’avais 10 ans, je venais de rentrer en 6ème, je me souviens d’être un des plus petits de ma classe. La classe de 6ème B. Je crois que je devais mesurer 1 mètre 50. Peut-être moins, peut-être plus, dans tous les cas, j’étais le plus petit. Ca a duré jusqu’en 4ème, à partir de cette année, j’avais pris quelques centimètres, j’arrivais bientôt à la très haute moyenne. Je dépassais les filles, je tenais tête aux autres garçons. Puis arriva la 3ème. Là, j’étais un des plus grands. Pas encore le plus grand, mais presque. Je me souviens, sur la carte d’identité faite la même année, il était écrit 1 mètre 80, voire un peu plus. Le lycée achevait ma croissance. J’étais le plus grand pendant ces quatre années, je dépassais le mètre 90. Aujourd’hui, j’ai 25 ans et je mesure 1m95. Je ne vous ai pas raconté pour mes pieds : eux aussi ils ont beaucoup changé. »

« Bon, je suis un adolescent. Je mange, je dors, je vais en cours. J’aime lire des BD, manger, lire des BD, manger, lire des BD et par dessus tout : manger. »

« L’été de mes 14 ans, mon père a quitté ma mère sans prévenir, comme ça au beau milieu de la nuit. Je ne sais pas comment cela m’a réveillé car ils n’ont pas crié, ils chuchotaient. Mais dans le noir total j’ai ouvert les yeux. Hasard ou instinct ? Quoi qu’il en soit, je me suis rendormie sachant parfaitement ce qui venait d’arriver. Le lendemain je me suis glissée dans le lit de ma mère et l’ai serré fort contre moi (…) Je n’oublierai jamais ma mère sur le carrelage de la cuisine m’insultant, pleurant, suffoquant et réclamant la mort, une bouteille de whisky vide à côté d’elle. Je ne me suis jamais livrée à personne, je ne le fais à travers ce carnet que parce que je ne verrai pas le regard de celui qui le lira. »

« L’adolescence est une période que j’ai hâte de vivre (…) Quand on est au collège, d’après les histoires que j’entends, on est plus libre dans les actions. Sans avoir honte. Sans se faire prendre pour une crâneuse. »

« Pendant mon été de la première à la terminale, j’ai découvert que j’étais enceinte. (…) Cet été, j’ai rencontré un garçon, Baptiste. Il avait un dos très attirant. Il était beau de face aussi, mais son dos était particulièrement beau. On a fait l’amour tous les soirs. »

« A l’adolescence, j’ai découvert par hasard la masturbation et c’est la première fois que je le mentionne. Depuis que j’ai une amoureuse, je ne me « frotte » plus, mais je suis heureux de l’avoir avoué ici. »

« Pendant mon adolescence, j’ai aimé l’école, j’ai nagé, j’ai grandi, j’ai voyagé, j’ai perdu ma mère, j’ai trouvé l’amour. »

http://bibliobs.nouvelobs.com/agenda/20141004.OBS1154/4-octobre-2014-nuit-blanche-a-paris-que-reste-t-il-de-notre-adolescence-75013.html

18 novembre 2014
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