Charlotte Bousquet | Robert Schumann

Robert Schumann

Un portrait dans la série Écrire l’égalité (une fille, un gars), thème de la résidence à Herblay.

8 juin 1810 – 29 juillet 1956

Adieu pour aujourd’hui. Je te dirai simplement que je t’aime et à quel point tu ne le sais pas. Clara Wieck. 

Cinquième enfant d’un libraire et d’une pianiste, Robert Schumann naît le 8 juin 1810 à Zwickau. D’abord passionné par la littérature, il tombe réellement amoureux de la musique en général et du piano en particulier après avoir écouté un récital à Karlsbad. Ses parents, ravis, lui offrent l’instrument de ses rêves.

Si Robert était né fille, lui aurait-on laissé le temps d’apprécier la musique au lieu de le forcer à en jouer ?

Peu de temps après, sa sœur aînée se suicide. Son père meurt quelques mois plus tard. Deux drames qui préfigurent le sien.

Envoyé à Leipzig puis à Heidelberg pour y étudier le droit, Robert joue, compose ses premières pièces – dont les célèbres et difficiles Papillons –, et rencontre Clara Wieck, dont il est le professeur de piano. Elle a huit ans. Il en a dix-huit. Peu importe la différence d’âge, ils communiquent en mots et en musique, avant d’être enfin unis : dix ans après leur rencontre. Entre deux, Robert a décidé d’inventer une machine à perfectionner l’agilité des doigts : mauvaise manipulation, appareil défectueux : mutilé, il ne pourra plus jouer. Le jeune homme tente de se défenestrer – les premiers symptômes de sa maladie apparaissent.

Stop ! Si Robert était né fille, sa carrière se serait arrêtée là. Il aurait été interné, détruit à petit feu à coup de traitements censés le calmer. Ses œuvres, peut-être plagiées par son élève, auraient été oubliées, jusqu’à ce qu’un.e musicologue les découvre, à la fin du XXème siècle.

Il crée Neue Zeitschrift für Musik (Nouvelle revue musicale), rencontre Mendelssohn, se sépare de sa première fiancée, perd sa mère. Avec l’affirmation de leur amour, Robert compose sans cesse pour Clara, la femme qu’il aime – et, de son côté, elle cesse peu à peu de créer pour interpréter ses œuvres. Après son mariage, il accompagne Clara en tournée, se passionne pour le genre symphonique, devient père pour la première fois, rencontre un réel succès, y compris en Russie, tombe de nouveau malade. C’est en 1844. Schumann se remet à composer. Accompagné de Clara, il se rend à Vienne, à Prague, écrit Genoveva, un opéra. La mort de Mendelssohn, puis leur déménagement à Düsseldorf, brise ce bel élan.

Robert est nommé directeur du Conservatoire municipal. Catastrophe : il ne s’en sort ni comme comptable ni comme pédagogue. Les angoisses le reprennent. Arrive un jeune compositeur et interprète, Johannes Brahms. Brahms, qui restera jusqu’à la fin l’indéfectible ami de la famille. La présence de Clara, le soutien de Johannes ne suffisent pas : dans la nuit du &è au 18 février 1854, il compose les variations sur un thème des esprits, puis tente de nouveau de se suicider.

Il est interné, et meurt deux ans plus tard. Sans musique, puisque celle-ci l’a quitté.

Quelques œuvres de Robert Schumann

–Concerto pour piano et orchestre
–Quintette pour piano et cordes
–Scènes d’enfants
–Carnaval
–Concerto pour violoncelle
–Dichterliebe
– Quatuor avec piano


Charlotte Bousquet

21 janvier 2019
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