Cirque d’Hiver, l’été

Le bâtiment en rotonde du Cirque d’Hiver Bouglione, 110 rue Amelot, Paris (11e) attend son prochain spectacle, le 22 octobre : mais le paraphe de la fête est encore installé sur le trottoir, comme une sorte de ciel de lit...

Improvisation ?

Et puis, soudain, revient le souvenir du livre d’Henry Miller : Le Sourire au Pied de l’Echelle, terminé à Big Sur en janvier 1948, publié par Buchet/Chastel (édition bilingue de 1962).

« The circus is a tiny closed off arena of forgetfulness. For a space it enables us to lose ourselves, to dissolve in wonder and bliss, to be transported by mystery. We come out in a daze, saddened and horrified by the everyday world, the world with which we imagin ourselves to be only too familiar, is the only world, and it is a world of magic, of magic inexhaustible. Like the clown, we go through the motions, forever simulating, forever postponing the grand event. We die struggling to get born. We never were, never are. We are always in process of becoming, always separate and detached. Forever outside. »

« Le cirque est un petit bout d’arène close, propre à l’oubli. Un temps plus ou moins bref, il nous permet de ne plus penser à nous, de nous dissoudre dans l’émerveillement et la félicité, d’être transportés de mystère. On en sort dans un brouillard, affligé, horrifié par le visage quotidien du monde. Mais ce vieux monde de tous les jours, ce monde que nous imaginons n’être que trop familier, est le seul ; et c’est un monde de magie, d’enchantement inépuisable. Comme le clown, nous faisons mine ; à jamais simulant ; à jamais différant le grand événement. Nous mourons dans les affres de la naissance. Jamais nous ne fûmes, jamais nous ne sommes. Nous sommes en voie perpétuelle de devenir, toujours séparés, coupés. A jamais en dehors. »

Art intemporel de jongler avec les mots...

Dominique Hasselmann

3 juillet 2005
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