Comment c’était chez vous ?
Les maisons rectangulaires où nous vivions. Les pistes non-bitumées sauf les grands axes. Les pistes jalonnées d’herbes vertes pendant la saison pluvieuse. Les grandes surfaces n’existent pratiquement pas. Il n’y avait que de petites boutiques. La plupart des maisons sont électrifiées. En chemin, il y avait beaucoup de bruits de moteurs. Tous les matins, son père technicien d’agriculture leur donnait la somme de 50 francs CFA chacun (son petit frère et lui) comme argent de poche. Il a grandi dans un camp militaire. Il y avait près d’une trentaine d’habitation, on était tout entouré par un mur. Ceux qui étaient à l’extérieur de ce mur ne savaient pas ce qui était à l’intérieur.
A sa naissance, il était avec ses parents. Ils s’occupent de lui. Il vécut en enfant heureux jusqu’à l’âge de 9 ans. Il leur arrivait d’avoir de petits problèmes mais ces problèmes ne perduraient jamais. Ils sont partis vivre chez sa grand-mère, ils n’avaient rien à manger sauf ce que le voisin leur donne. A l’âge de 5 ans, ils l’ont transféré chez son grand-père jusqu’à l’âge de 10 ans. Le malheur le frappe quand son père divorce de sa mère, il était petit, il les a chassés de sa maison, lui et sa mère et une sœur. Ce n’est pas facile pour lui parce que ses parents lui manquent et leur amour, et l’éducation. Son père est marié avec une autre femme. Il voit que cette femme a pris la place de sa mère et cet enfant a pris sa place. Être né dans une famille où le grand-père a été ministre, et le père, un des plus hauts gradés de l’armée. Donc, pour dire la vérité, il est malheureux depuis l’âge de 9 ans. Jusqu’à aujourd’hui, il n’est pas heureux, c’est pour ça qu’il est en France pour aider sa mère et ses 2 sœurs. C’est pour ça qu’il a peur d’avoir des enfants par rapport à ce qu’il a vécu dans son enfance. Il est quelqu’un de direct, il vous dit ce qu’il pense. Il n’a toujours pas de papiers. Voilà sa vie.
Il leur arrivait d’avoir de petits problèmes mais ces problèmes ne perduraient jamais. Il n’aimait pas l’école, il se disait que ce n’était pas très important. Quand on est né dans une famille où le grand-père a été ministre et le père, un des plus hauts gradés de l’armée, c’était mal vu de ne pas aimer l’école. Ceux qui étaient à l’extérieur de ce mur ne savaient pas ce qui y était mais lui ne savait rien de cela, tout ce qui l’intéressait, c’était de sortir avec son ami Claude. A l’école, pendant la récréation, ses camarades et lui jouent à tous types de jeux. Nous ne nous soucions pas du temps entre nous. Il aime plutôt jouer au foot avec son ami Claude. Avant de comprendre le français, il ne savait pas ce que « coup d’Etat » voulait dire. Il était très heureux de jouer avec ses amis à des jeux traditionnels africains. Il aimait bien jouer aux billes avec les copains du quartier, après avoir aidé sa mère dans les tâches ménagères. Claude était orphelin de père, il était souvent maltraité par sa mère et sa tante et quand le dessin animé est sorti à la télé nationale « Tom Sawyer », tout le quartier nous appelait Tom et Huck.
Il y a un endroit qui lui revient souvent dans ses souvenirs, c’est dans une terre du village où il est né. La terre se trouve au milieu du village, on se réunit tous les soirs avec les jeunes filles et garçons de son âge. Avec son grand-père, il connut beaucoup de choses concernant l’environnement, le paysage. Il gardait les moutons dans les montagnes en brousse. Il voit les gorilles et il se baigne dans une rivière ; il y avait des arbres tout près de la rivière comme les mangues, les goyaves. Le nom du lieu est Mazouva. Voilà sa vie. Nous ne nous soucions pas du temps entre nous.
[Texte collectif. Atelier volant, atelier d’écriture à l’Arche d’avenir, accueil de jour de la Mie de pain.]