Emmanuèle Jawad | Véronique Pittolo et le cinéma
Dans Héros, Le texte se découpe selon deux registres : descriptif (d’une action filmique, concernant des séquences avec personnages) et énoncés (marqués en italique) qui relèvent davantage du discours sur différentes notions cinématographiques (héros, héroïne, personnage, action etc.). Le texte-scénario introduit des photogrammes et se réfère aux « films d’action », policiers, thrillers sur un mode incisif. On retrouve déjà dans cette thématique du héros les personnages de cinéma mais également de contes traditionnels revisités des livres suivants (Gary Cooper ne lisait pas de livres, La jeune fille dans tout le royaume notamment). Le personnage, sous l’angle du héros, est analysé au regard de l’action, de l’héroïne (dans son rapport à celle-ci « L’héroïne est nécessaire à la validité du héros. ») dans un scénario qui met en place trois personnages principaux (Jeff, Muriel et Bill) et un narrateur très présent dans la partie discursive du texte.
La notion de personnage est reprise très largement dans Gary Cooper ne lisait pas de livres où l’une des sections de l’ensemble est intitulée « Plans personnages ». La composition du livre en textes-séquences concerne différentes composantes cinématographiques (spectateur, personnages, approches métonymiques avec « le cou », (le baiser), « les cheveux », etc.). La première section de ce livre, tout comme Montage, reste marquée par la présence des souvenirs d’enfance. Elle analyse la fonction du film sur la mémoire du spectateur (« Les films précisent ma mémoire personnelle. / Découpée, mon histoire ralentit dans une succession / de plans reliés par un processus mental. ») La plus longue section du livre concerne les personnages. Intitulée « Plans Personnages », elle décline reprenant en titres les noms d’actrices et d’acteurs qui sont autant d’icônes du cinéma (Liz Taylor, Rita Hayworth, Gary Grant, Gary Cooper, Jean Marais etc.) Portés par un humour implacable, les registres critiques de l’écriture relèvent de la déclinaison des codes sociaux et des stéréotypes affectant les acteurs et les personnages de cinéma (« Un homme essentiellement physique peut-il être intelligent ? / La taille des neurones est-elle proportionnelle au développement des cellules qui déterminent l’accession à la célébrité ? » ; à noter également de nombreuses catégories dans le texte « Blonds nautiques », « Brunes babyliss » etc.)
Ces trois livres, explique Véronique Pittolo, restent "reliés entre eux par un imaginaire du cinéma qui se confond avec l’histoire de la narratrice".