Gare Maritime 2006

La revue de la maison de la poésie de Nantes primée par l’académie Charles Cros


La parution de chaque numéro de Gare Maritime, la revue éditée par la maison de la poésie de Nantes, est toujours très attendue. Y sont réunis tous ceux qui ont participé aux lectures-rencontres de l’année précédente. L’actuelle livraison nous donne ainsi un aperçu de ce que furent les soirées 2005.

Comme à l’accoutumée, ouverture et diversité sont au rendez-vous. Le champ poétique visité est vaste. Poètes, éditeurs et traducteurs s’y côtoient. Chacun d’entre eux est présenté par l’un des membres du collectif de ce lieu très actif dans son désir de mieux faire connaître (et circuler) la poésie contemporaine. Il y a là, autour de Daniel Biga, des auteurs que nous connaissons bien : Guénaël Boutouillet, Bernard Bretonnière et Jean-Pascal Dubost. De temps en temps, d’autres rédacteurs se joignent à eux. Cette fois, par exemple, Paol Keineg est invité à présenter les américains Keith et Rosemarie Waldrop et Jean-Baptiste Para l’écossais John Burnside tandis qu’Henry Deluy s’entretient avec Liliane Giraudon.

La revue (et c’est l’un de ses atouts majeurs) est "écrite et sonore". C’est dire qu’ici l’oralité de la poésie est jugée tout aussi importante que sa version écrite. Au cahier qui donne à découvrir textes inédits (plus repères biobibliographiques et photos prises sur le vif) est joint un CD qui permet de capter la tension, l’écho, l’instant, la trace palpable d’une lecture ayant eu lieu tel ou tel soir au Pannonica à Nantes...
À côté de ceux et celles qui ont l’habitude de donner voix à leurs textes (Christian Prigent, Jacques Demarcq, Hubert Lucot, John Giorno, Laurence Vielle, Michel Butor et Valérie Rouzeau), d’autres, moins rôdés à l’exercice, étonnent par leur timbre à la fois fragile et sûr, comme suspendu au silence alentour. C’est le cas de Michel Dugué, de Christian Hubin et d’Alain Freixe. C’est pour cet ensemble (où l’on retrouve, entre autres, Aharon Shabtaï, Gil Jouanard, Daniel De Bruycker) que Gare Maritime a reçu, il y a une quinzaine de jours, le prix "parole enregistrée" décerné par l’académie Charles Cros.

Parmi les moments forts de ce numéro de belle cohésion se trouvent les interventions d’Hélène Lanscotte (auteur de Simplement descendu d’un étage aux éditions Cheyne en 2002) et de Céline Minard (rappelons le remarquable R. publié chez Comp’Act en 2004) qui offre un extrait inédit de Slough, en comanche qui semble, comme R., accommoder au mieux le bonheur et l’étrangeté des mots servis avec force et amusement.

Bref, au final, voix plus connues ou moins, discrètes ou non, d’ici ou d’ailleurs, rassemblées et présentées dans Gare Maritime, cuvée 2006, font de cette revue annuelle l’une des plus ouvertes (et des plus toniques) du moment.

11 décembre 2006
T T+