Gauguin, le dandy sauvage
Conversation avec Pierre Drogi à propos de Gauguin, le dandy sauvage d’Olivier Apert (Ed. Infolio, avril 2012), enregistrée à la médiathèque Marguerite-Duras, Paris 20.
De jour en jour, Paul Gauguin, avec Cézanne, s’avance comme le maître de l’art moderne, l’inventeur du droit de « tout oser » en peinture, le créateur d’une beauté nouvelle, mystérieuse où l’énigme le dispute à l’éclat ; où la conception neuve de la composition rencontre la puissance fascinante de cultures, de mythes ancestraux – qu’ils soient bretons ou maoris.
Mais Gauguin ne s’avance pas seulement vers nous en tant que peintre : c’est aussi un écrivain – et des plus passionnants. Le cœur même de ce livre présente le peintre sous cet aspect inédit : l’artiste Gauguin éclairé, explicité, expliqué par Gauguin l’écrivain. Tant par sa correspondance, ses articles que par ses livres surtout : du plus connu (Noa Noa) aux moins fréquentés (Racontars de rapin, Avant Après) : toute une œuvre écrite qui, par fragments, expose avec cohérence la pensée picturale de l’artiste qui a été trop considéré comme un sauvage intuitif.
Sauvage certes, puisque telle est sa volonté, mais sauvage tout aussi intellectuel que pulsionnel. C’est ce qu’Olivier Apert démontre en faisant se croiser les tableaux fondamentaux du peintre et ses prises de position esthétiques qui définissent avant l’heure un véritable traité de peinture par où la couleur acquiert toute son autonomie.
Enfin, parcourant la vie aventurière de Gauguin, Olivier Apert éclaire les différentes facettes de l’homme, du jeune matelot à l’agent de change, du barbare raffiné à l’indigent subversif en présentant chronologiquement les grandes étapes de l’œuvre (l’école de Pont-Aven, le japonisme, l’art maori…) et les rencontres décisives (Emile Bernard, Van Gogh, Meyer de Haan…), sources de conflits, de drames, de combats et de créations inouïes.
(4e de couverture)