Gottfried Gröll | Vie & opinions II

Vie & opinions II de Gottfried Gröll est la suite de Vie & opinions paru aux éditions Le Quartanier à l’automne 2007.


Ok ok dit Gröll l’amour c’est comme un espace
de solitude qui ne veut pas se refermer et ça brûle.
Il y a une béance fabriquée au scalpel sur laquelle
on verse des substances d’alcool pour cicatriser
à l’aide de pommade d’oubli. Le cœur a des palpitations
d’angoisse et fait des bonds en rond qui rendent
complètement cinoque. On a envie de le piétiner
pour le mettre en charpie ça suffit. Quand Gröll
se trouve dans la peine d’amour il perd la notion
d’équilibre qui dirige ses pensées et se cogne
la trogne contre les parois de mur à coups de boules.



Santé c’est respirer à pleines jambes en sautant
Par-dessus son âge. Ou se baigner dans l’océan
de mer en contractant les roubignolles quand
le soleil scintille de toutes ses écailles. Parfois
c’est coup de pompe sans la bicyclette qui va avec.
Qd on a la santé on dit c’est mordre la vie des deux
dents à pleins bouts. Mais on peut se retrouver
avec des crampes de genoux dans les talons
en costume d’Adam. Alors les gens se prennent
pour des sportifs d’amour à poil et vont se rouler
par terre dans les lits en émettant des sons de salive.



On dit amour toujours mais Gröll pense c’est du blabla.
L’amour c’est slip en avant sans acte de propriété qui
intercède entre l’un et l’un et puis aussi. D’autres disent
embrasser à tour de bras mais c’est un phénomène
qui n’a rien à voir avec la réalité de la langue en mouvement.
Gröll aime se perdre dans les filles et autres éléments
féminins qu’on appelle femmes. Il a un don d’ubiquité
affective qui se caractérise par un cœur d’artichaut
qui en a gros sur la patate. Gröll toujours aime ici
et maintenant dans un présent d’éternité qui se con-
jugue avec un certain sens de fidélité à l’événement.



Les flics ça entretient la crainte des voyous
et autres racailles qu’on appelle jeunes pour
quoi faire. C’est aussi con que se balader
tout seul à poil dans son appartement avec
la peur d’attraper le sida ou regarder le journal
TV pour savoir la vérité qui sort de la bouche
de l’écran. Les flics ont un esprit de moustache
en poils et distribuent du bleu à l’aide de baffes.
Ils ne sont pas peintres mais ont le sens des couleurs
qu’ils distinguent avec beaucoup de distinction
même en pleine nuit par la méthode du faciès.



Les Français on dit ils ont le don des langues.
Ils savent parler belge suisse québécois et même
ivoirien. Ils présentent à cet égard une certaine
fierté toute en ronds de chapeau et entretiennent
avec leur langue un rapport de surveillance qui se
manifeste par une forme de contrôle qu’on appelle
francophonie ou académie dans la presse à torchons.
Tout ça c’est de la politique en branches pour
agitateurs d’idées en rond qui débitent des bêtises
à longueur de palabres et on s’en cogne. Gröll
parle français dans une langue étrangère et c’est drôle.



France elle a pour président un petit flic agité
qui fait feu de tout bois sans produire d’étincelles.
On voit partout sa tronche plus souvent que celle
des amis qu’on aime. Il aboie des inepties de vulgarité
qui suintent la peur et la revanche en branches et
entretient chez ses compatriotes l’esprit de délation
surveillance suspicion et autres servilités. C’est
un virtuose du pipeau qui connaît la subjectivité
des rats et les encourage à quitter le navire par gros
temps pour se réfugier sur son yacht de mer. Pré-
sident a un look de VRP à chaussettes avec gourmette.



Parfois Gröll parle sans mâcher ses mots avec
la crainte de les avaler. Il prononce des paroles
sans émettre le moindre bruit en gardant les sons
dans sa bouche. Tout ça c’est dans l’idée de passer
un savon mais pas d’enlever les bulles avec le pommeau
de la douche et c’est louche. Certains prétendent
Gröll il lui manque une case et ça le pétrifie sur glace.
On dit aussi pète au casque mais je ne fais jamais
de moto. Gröll préfère le vélo pour utiliser la vitesse
de vélocité à l’aide de la guibole en appuyant
très fort sur la pédale sans pétarade de bruit.



Président de France est un loustic en mouvement incessant
comme un moustique et ça pique. Il a un don d’ubiquité
médiatique très développé. Président est chef de courbettes
avec des effets de manche en ronds de jambes qui ne
valent pas un clou de lopette. Il se shoote à base de flics
et autres appareils de surveillance qui permettent
de verrouiller à clef les cadenas de serrures et a des gros
bras qui lui servent de jambes pour se déplacer partout
où il passe. On dit président mais Gröll préfère petit
bonhomme à talons qui se hausse sur les épaules
des bourses planétaires de finance à fric. C’est plus chic.



(in memoriam M. V. & H. C.)


Les amis parfois ça meurt sans intention de dire ouf.
On attend un coup de fil qui arrive par la poste
pour indiquer le point final et ça s’achève en suspensions
pourquoi pas. Gröll n’aime pas recevoir des nouvelles
de mort car elles contiennent un concept de disparition
qui se caractérise par une absence prolongée. C’est
complètement dit-il mais que faire. Les amis c’est
comme les amours. On les enterre pas. On les garde
précieusement dans un petit bocal du cerveau avec
de l’eau et c’est beau. Ensuite Gröll s’achemine vers
la consommation de boisson d’alcool à base d’oubli.



Politique c’est construire de l’inédit dans le réel
et proposer les moyens de passer du monde tel
qu’il est au monde tel qu’on veut qu’il soit.
C’est pas être obsédé du comblement des trous
de sécu des retraites ou de la couche d’ozone
avec un énorme chibre en plastique très toc.
Ni rechaper un vieux pneu crevé avec les pieds.
Pour faire de la politique il faut se courager
et manifester de l’endurance dans l’impossible.
Ce qui n’est pas toujours possible dit-on. Gröll
est communiste au niveau de l’égalité avec lui.



Les Français entretiennent avec les étrangers
un rapport de rejet qui se situe au niveau du mépris.
Surtout quand il s’agit d’Arabes et autres Noirs
qu’on appelle immigrés clandestins dans les feuilles
de choux fabriquées à base de potage d’idées en sachets.
Les étrangers on leur demande leurs papiers pour
s’assurer qu’il n’en ont pas et ça rassure. On leur
fourgue des billets d’avion avec l’aller sans le retour
et des manches de balais pour leur signifier de débar-
rasser le plancher. En France on écrit partout
Liberté Égalité Fraternité et on pense barre-toi de là.



Gröll est tous les Gröll et aussi Mme Gröll.
Il a un deuxième corps qui rime avec peut-être.
C’est particulièrement sensible au niveau des
chaussettes. Tout ça me vient du monde extérieur
que je suis à l’intérieur. Car la vie est une équation
a plusieurs degrés qui se situe au niveau des orteils.
On fait cap dessus avec un moteur à explosion
quand on est encore encore. Au moyen de l’air
rassemblé et comprimé un corps peut adopter
diverses formes et se mouvoir dans l’espace.
C’est un secret que je sais sans le répéter.



Gröll adore rêver ensemble avec les autres.
C’est un voyage qui se fait dans les lits avec
quand on est en pyjama. Quand je me couche
Gröll se demande si les infinis sont égaux.
Mais il ne parvient pas toujours à établir un
rapport exact. Il y a là un mystère qui n’est pas
un mystère. C’est plutôt. C’est plutôt qu’il faut.
Dans la plupart des cas Gröll trouve le sommeil
lorsque je m’endors. Il lui arrive pourtant
de rester éveillé avec des bulles de rêves
qui circulent dans son crâne et c’est tout comme.



Gröll a 12 cerveaux répartis en branches latérales.
C’est toujours le cerveau 3 qui décide comment.
Le 8 demande pourquoi et ainsi. Parfois il y a
des décisions unilatérales et ça crée du désordre
dans le point central qui est le siège de l’esprit
postérieur P avec une grande prolixité de con-
fusion. Les cerveaux on les réunit ensemble
à plusieurs pour agir en nombre sans perdre
la face. Ce qui n’est pas toujours très efficace.
Gröll pense sans y penser. Exactement avec le pied
droit qui sert d’antenne à réception d’idées.



Connard c’est une maladie du cerveau
particulièrement particulière. Quand Gröll
se trouve en présence de Connard il est pris
d’une soudaine envie de botter le cul à coups
de pompes jusque dans la gueule sans baisser
son froc. C’est un truc qui le prend si je suis situé
dans une colère d’énervement de couleur rouge.
J’ignore si c’est réciproque mais au moins.
Souvent Connard se prend pour Gros Malin
mais pas du tout jamais. Juste il débite des inepties
avec un sérieux qui fait froid dans l’oreille.



Le premier jour de la vie c’est beau.
Le dernier aussi avec un peu de suspense.
Entre les deux il y a une durée relativement
relative qui prend fin quand ça s’arrête.
Certains trouvent ça bête peut-être mais alors.
Gröll est né à 30 ans avant d’avoir atteint
sa vingtième année. À sa naissance sa mère
était plus jeune d’un tiers. À ma mort
j’avais l’âge de mon décès que mon père
n’a jamais atteint. L’âge est une notion
d’arithmétique qui se mesure en citron.



Gröll n’a pas une araignée au plafond.
C’est une mouche qui l’a piqué à travers
l’oreille du cerveau qui pense. Parfaitement.
Gröll n’est jamais là où il se trouve.
Il y a des cas où il est en avant et d’autres
sur le côté. En terme de vie Gröll est un poisson
à la dérive qui prononce des bulles sans respirer.
Il observe la lumière et considère sa beauté.
Demain dit-il j’étais de retour avec un beau soleil.
Demain c’est aujourd’hui + 1. Hier et demain
se croisent seulement dans le temps présent.



Gröll certains disent c’est un nom à coucher dehors.
Pourtant il habite un appartement doté de tous
les ingrédients du confort moderne qu’on nomme
frigo et lavabo. Il a même une baignoire équipée
d’une douche en forme de sabot. Quand on ouvre
la porte on se trouve à l’intérieur sauf. Sauf si
on en sort avec les pieds devant et un bonnet
sur la tête pour protéger les cheveux du froid
qui gèle. Quand Gröll fait du bruit avec ses amis
les voisins en font aussi en tapant sur les murs
et ça réveille le con qui sommeille en chacun.



TGV c’est de la vitesse en train qui traverse
le pays de France comme un avion à réaction.
Mais sans risque de s’écraser. Qd Gröll entre
dans la grande vitesse de déplacement il éprouve
l’admiration pour la machine et tombe en con-
templation des vaches qui sont plantées partout
dans le paysage. Puis il s’endort sauf si les gens
bavardent avec leur téléphone ou si le contrôleur
passe pour mettre un petit trou dans le billet.
La grande vitesse comporte aussi une interdiction
de fumer partout dans les compartiments fumeurs.



Noël c’est la période où on jette les cadeaux par les fenêtres dans
une débauche de fric et on s’empiffre. On voit des bonshommes
tout rouges dotés d’une énorme barbe blanche qui se trimballent
partout dans les grands magasins en faisant pleurer les enfants.
Il y a du monde tout autour et les gens collent leur langue sur les
vitrines avec leurs yeux de baudruches écarquillées. Au journal
TV se succèdent des reportages sur des pauvres qu’on app-
elle SDF pour rassurer et sur les crustacés canards chapons
et autres consommations de bouffe en attendant une cata-
strophe à base de tsunami qui fasse pleurer dans les chaumières
et vider un peu plus le porte-monnaie de solidarité frelatée.

20 décembre 2008
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