Isabelle C.
(photo de Beatrice Lucchese)
Isabelle C. travaille au service culturel de Gentilly.
Elle a une longue histoire avec les transports.
À Strasbourg, où elle a fait des études d’Art Déco, les trajets étaient gratuits pour les étudiants, le tramway était très spacieux, et tranquille. Il faisait beau.
En arrivant à Paris, elle n’a pas pu supporter : les odeurs, les troupeaux de passagers, la promiscuité forcée, la longueur des trajets qui lui prenait son temps. Sur la ligne 4, entre Evry et Châtelet, elle s’est cabrée de toutes ses forces, et a refusé cette réalité de manière catégorique.
Elle resquillait car, à ses yeux, les transports se devaient d’être gratuits. Elle criait, en pleine rame de métro, elle criait sa rage à son compagnon : « Je ne suis pas heureuse ! Tu te rends compte de la vie qu’on mène ! C’est horrible !Je ne suis pas heureuse ! »
Alors Isabelle a décidé de rester en dehors du troupeau.
Talons hauts, col de fourrure, ongles peints, jupes serrée… Sur le quai, en attendant le ReR, elle avait des allures de diva, les autres n’existaient pas, ne devaient pas exister. Elle refusait d’en faire partie.
Cette révolte a duré un mois, et puis la violence est partie.
Il lui arrive aujourd’hui de faire ses courses dans le métro : « l’homme s’habitue à tout, dit-elle avec aplomb. Il a une incroyable faculté d’adaptation. La vie s’organise autour des trajets, coiffeur, pressing, courses pour le dîner, c’est la vie urbaine. Un jour, tout sera ouvert 24 heures sur 24 ».
Elle parle de ses « copines de ReR ». Des copines qu’elle s’est faites à force de les croiser dans le même métro, tous les jours, à la même heure. « On commence à se repérer, à se reconnaître, puis on se dit bonjour, et puis on fait connaissance ».
Aujourd’hui, elle rencontre tout le temps des gens dans le métro. Quand elle cherche un lieu dans son Plan de Paris, un livre dont elle ne sépare jamais, et qu’elle consulte très souvent dans les couloirs, les gens viennent vers elle, lui demande si elle vient de loin, si elle reste longtemps à Paris.
Le temps où elle se répandait en anathèmes lui paraît bien loin. Elle est devenue une vraie parisienne, qui travaille pendant ses trajets : à l’aller elle lit Ratp.fr ou mappy sur son ephone, au retour elle fait ses mails ou envoie des texto, relit son planning, ou des comptes rendus de réunion. Et elle a horreur de rater ses correspondances, un virus qu’elle a même transmis à son fils !
Elle a une longue histoire avec les transports.
À Strasbourg, où elle a fait des études d’Art Déco, les trajets étaient gratuits pour les étudiants, le tramway était très spacieux, et tranquille. Il faisait beau.
En arrivant à Paris, elle n’a pas pu supporter : les odeurs, les troupeaux de passagers, la promiscuité forcée, la longueur des trajets qui lui prenait son temps. Sur la ligne 4, entre Evry et Châtelet, elle s’est cabrée de toutes ses forces, et a refusé cette réalité de manière catégorique.
Elle resquillait car, à ses yeux, les transports se devaient d’être gratuits. Elle criait, en pleine rame de métro, elle criait sa rage à son compagnon : « Je ne suis pas heureuse ! Tu te rends compte de la vie qu’on mène ! C’est horrible !Je ne suis pas heureuse ! »
Alors Isabelle a décidé de rester en dehors du troupeau.
Talons hauts, col de fourrure, ongles peints, jupes serrée… Sur le quai, en attendant le ReR, elle avait des allures de diva, les autres n’existaient pas, ne devaient pas exister. Elle refusait d’en faire partie.
Cette révolte a duré un mois, et puis la violence est partie.
Il lui arrive aujourd’hui de faire ses courses dans le métro : « l’homme s’habitue à tout, dit-elle avec aplomb. Il a une incroyable faculté d’adaptation. La vie s’organise autour des trajets, coiffeur, pressing, courses pour le dîner, c’est la vie urbaine. Un jour, tout sera ouvert 24 heures sur 24 ».
Elle parle de ses « copines de ReR ». Des copines qu’elle s’est faites à force de les croiser dans le même métro, tous les jours, à la même heure. « On commence à se repérer, à se reconnaître, puis on se dit bonjour, et puis on fait connaissance ».
Aujourd’hui, elle rencontre tout le temps des gens dans le métro. Quand elle cherche un lieu dans son Plan de Paris, un livre dont elle ne sépare jamais, et qu’elle consulte très souvent dans les couloirs, les gens viennent vers elle, lui demande si elle vient de loin, si elle reste longtemps à Paris.
Le temps où elle se répandait en anathèmes lui paraît bien loin. Elle est devenue une vraie parisienne, qui travaille pendant ses trajets : à l’aller elle lit Ratp.fr ou mappy sur son ephone, au retour elle fait ses mails ou envoie des texto, relit son planning, ou des comptes rendus de réunion. Et elle a horreur de rater ses correspondances, un virus qu’elle a même transmis à son fils !
11 juin 2011