L’éventail en plumes de paon
J’étais autrefois un paon majestueux, qui déployait ses plumes en une grande roue magique. Du vert émeraude, du bleu profond, des ourlets de turquoise. "Qui êtes-vous, que faites-vous, où allez-vous ?", semblait questionner mon plumage.
J’étais si majestueux que je faisais de l’ombre aux humains. Alors, ils m’ont transformé en éventail. Ma beauté devint enfin utile à quelque chose : rafraîchir le teint rose de mademoiselle Émilie.
Mademoiselle Émilie s’éventait tout en lisant un roman d’amour. Lorsque l’homme qu’elle aimait en secret entra dans le salon, elle rougit un peu. Quand il lui murmura : "Savez-vous que les plumes de paon portent malheur ?", elle poussa un cri et me lança par la fenêtre.
La femme de chambre qui passait par là me ramassa.
Mademoiselle Émilie n’épousa pas l’élu de son cœur, mais la femme de chambre l’épousa, elle.
Si je porte bonheur ou malheur ? Je ne saurais dire.