Les Hauts-Fonds

Une nouvelle maison d’édition.


Ancrées à Brest et donnant la part belle à la poésie, les éditions Les Hauts-Fonds ont publié leurs cinq premiers titres ces derniers mois. Le premier d’entre eux, CruciFiction, est un ensemble de Alain Le Saux. Ricochant d’un lieu l’autre, et ce sur plusieurs années (de 1989 à 2002), le livre se construit ainsi et avance par séquences en empruntant des itinéraires chauds et sinueux. Des chemins de traverse pour aller de la mer à la ville mais également de soi à soi, en passant par les autres.

Paru presque simultanément, le deuxième titre de cette nouvelle maison d’édition est un opuscule intitulé On achève bien Auden, dans lequel le traducteur Jean-Yves Le Disez démontre le manque de rigueur de la traduction du poème de Auden déclamé dans l’une des scènes (celle de l’enterrement) du célèbre film « Quatre mariages et un enterrement ». La version française impliquée (et publiée chez Bourgois) est ici intelligemment mise à mal puis revue et remplacée. La réflexion qu’il mène, en dépassant l’exemple cité, autour de la traduction en générale est pertinente.

Cet automne, trois nouveaux livres viennent étoffer le catalogue. Tout d’abord, La Baudunais et autres poèmes de Bretagne de l’écossais Gordon Jarvie (traduit par J.Y. Le Disez), onze textes qui ont pour origine la maison de campagne où l’auteur (né à Edimbourg en 1941) passa ses vacances entre 1993 et 2004.

Les deux autres titres sont dus à un seul et même poète, Guy Cabanel, l’auteur de À l’animal noir (L’Ether Vague / Patrice Thierry, 1992).

Le premier d’entre eux, Les fêtes sévères, (jadis publié chez Fata Morgana) est enfin restitué et donné dans la version voulue à l’origine par Cabanel. On y retrouve également les dessins de Robert Lagarde.

« Depuis l’accueil dans le mouvement surréaliste d’André Breton, au travers de son étroite collaboration avec le dessinateur Robert Lagarde, dans les pages des revues vigies Le Surréalisme Même, L’Archibras…, jusqu’à nous, le poète a pris le temps », note avec justesse Patrice Beray dans sa préface à Dans la roue du paon, le second livre de Guy Cabanel (dessins de Jacques Lacomblez). Livre étonnant et subtilement construit avec, en ouverture, une série de textes en prose où l’auteur répond à sa manière (incisive, inspirée et argumentée) à un certain nombre d’enquêtes ou de questions lancées par des poètes proches (Pierre Peuchmaurd, Anne Marbrun, Anne-Marie Beeckman) pour les revues La Dame ovale et Le Grand I vert.

« J’imagine que j’ai créé le monde et que je le trouve beau. L’orgueil me saisit, mieux, la vanité : je deviens paon et les ocelles de ma roue sont mes inventions les plus sublimes, les lieux les plus chargés d’histoire, de splendeur, d’imaginaire. »

Un mot encore pour saluer la conception graphique des livres publiés par Les Hauts-Fonds. Maquette, mise en page, couleurs et caractères d’imprimerie permettent à chaque ouvrage de trouver son identité tout en intégrant une collection qui débute en donnant à lire des auteurs dont on parle peu mais qu’il faut prendre le temps de découvrir.


Les Hauts-Fonds : 22 rue Kérivin – 29200 Brest (Le site Internet est ici).

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14 octobre 2009
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