Les ateliers d’écriture au lycée Pablo Picasso de Fontenay-sous-Bois

Atelier d’écriture au lycée Pablo Picasso de Fontenay-sous-bois


L’idée d’atelier d’écriture s’impose pour tout écrivain. J’en avais souvent fait mais toujours pour des adultes : étudiants ou personnes âgées intéressées par la chose littéraire. C’est la première fois que je faisais un atelier d’écriture pour des lycées (J’en ai refait plusieurs depuis, avec le même plaisir.) Au premier abord, je dois dire que j’ai eu peur. J’avais le sentiment que mon propos, ou mes mots, ne les touchaient pas. J’ai tout de suite éliminé les termes philosophiques que j’utilise d’habitude, eu égard àma formation universitaire. J’ai pour ainsi dire descendu d’un cran le niveau. Et les regards sont devenus curieux, puis intéressés. Si bien que j’ai continué àparler de la problématique de mon travail, puis de ma résidence àl’OFPRA de plus en plus àl’aise. Et peu àpeu, les élèves ont posé des questions. Une relation venait d’être crée. Nous avons discuté. Ils étaient très intéressés par l’OFPRA, une institution dont ils avaient vaguement entendu parler, puisque vivants dans le quartier, mais sans savoir exactement ce que c’était. Dans un premier temps, je leur ai demandé d’écrire un texte sur la thématique de l’étranger. Ils souhaitaient plus de contraintes : « Quel étranger ? L’étranger comme pays ou comme personne ?  » L’important était de laisser libre cours àleur imaginaire, peu importe donc, que ce soit l’étranger en tant que pays ou personne. Dans un deuxième temps, ils ont commencé àlire leur texte. Certains ont écrit des dialogues qu’ils ont mis en espace dans le CDI. À la fin de chaque lecture, je commentais le texte, pointais ce qui était intéressant, ce qui l’était éventuellement moins. Et ils ont repris leur texte et l’ont retravaillé en tenant compte de mes commentaires et ainsi de suite. Les textes seront exposés au CDI du lycée.

Si le vocabulaire n’est pas àla hauteur, l’imaginaire l’est, et de loin : j’étais plus qu’agréablement surpris par leur imagination fertile, non dénué d’humour, en proie àl’actualité, sans pour autant être documentaire. De la fiction, mais de la fiction crédible, car la réalité était sous-jacente dans la majorité des écrits.

Les ateliers reprendront àla rentrée avec dans la mesure du possible, plusieurs classes.



Aiat Fayez


Atelier d’écriture sur le thème de l’étranger mené par l’écrivain Aiat Fayez au lycée Picasso de Fontenay-sous-bois.


10 élèves volontaires de Première ES1 assistent àl’atelier d’écriture dirigé par l’écrivain Aiat Fayez et organisé par Alice Pascal, enseignante d’histoire-géographie du lycée Pablo Picasso àFontenay-sous-bois. L’atelier se déroule au CDI et s’inscrit dans le cadre des cours d’AP (approfondissement personnalisé) qui se font habituellement en demi-groupes.

Cette classe avait étudié la question de l’immigration sous plusieurs angles : en cours d’histoire, les élèves ont traité la question de « l’évolution de la place des immigrés dans la société française au XXè siècle  ». Enfin, dans le cadre de l’ « Ã©ducation civique et morale  », les élèves ont travaillé en groupe sur le traitement par les médias de ce qu’on a appelé « la crise des migrants en Europe  ».


Ils ont donc été particulièrement réceptifs au thème de l’étranger proposé par Aiat Fayez. Dans un premier temps, celui-ci présente aux élèves son parcours d’écrivain et la place du thème de l’étranger dans son écriture. Il explique aux élèves en quoi consiste son travail au sein de sa « résidence d’écrivain  » àl’OFPRA. Les élèves posent des questions. Ils se lancent ensuite dans l’écriture d’un texte personnel sur le thème de l’étranger, puis lisent leur production aux autres. Quelques élèves s’essaient àl’écriture dramatique et font une mise en espace de ce qu’ils ont écrit en présence du dramaturge Aiat Fayez. Après chaque lecture, Aiat Fayez donne des pistes àl’élève pour continuer et achever leur texte. Et ainsi de suite, comme un travail de perpétuel affinement. Les écrits sont rendus le 30 mai et sont affichés au CDI avec l’accord des élèves.


Les élèves étaient tous ravis de cette expérience et m’ont dit que « c’était passionnant  », ils « ont adoré  » ont même dit certains. Ils ont en tout cas tous été impressionnés par la parole d’Aiat Fayez, àla fois en tant qu’écrivain et témoin des entretiens menés entre officiers de protection et demandeurs d’asile àl’OFPRA. Pour ma part, je pense que cela a été une grande chance pour les élèves d’avoir pu rencontrer et travailler avec Aiat Fayez. La rencontre d’un auteur et la pratique de l’écriture leur a sans aucun doute permis de jeter un autre regard sur la littérature et le processus de création d’un texte littéraire. Il leur a aussi permis dans ce cas précis de mieux connaître l’OFPRA, organisme assez mystérieux jusque-làpour les lycéens et situé pourtant àquelques mètres du lycée.

C’est pourquoi nous comptons développer le programme àla rentrée pour les mois de septembre, octobre et novembre, peut-être, dans la mesure du possible, avec plusieurs classes.






Alice Pascal – enseignante d’histoire-géographie et EMC Lycée Picasso, Fontenay-sous-Bois

11 juin 2016
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