Toujours plus loin dans les neiges, de Guennadi Aïgui
Le poète d’origine tchouvache, Guennadi Aïgui, né en 1934, et dont Léon Robel nous dit qu’il a « bouleveresé la poésie de langue russe de la seconde moitié du XXe siècle », écrit ce petit recueil de poèmes en 2003.
Précédemment, un certain nombre de ses livres avaient paru en France, par exemple chez Seghers ou au Nouveau Commerce. En particulier un volume dans la collection Poètes d’aujourd’hui en 1993, Aïgui, présenté par le même Léon Robel.
On retrouve, dans le présent volume, le travail très spécifique sur la langue, qui caractérise la poésie d’Aïgui, le jeu de la ponctuation notamment, et cette recherche constante du simple pour exprimer la cohérence secrète du monde, cet abandon à l’ordre du monde, dont l’équilibre et la beauté d’une nature menacée, toujours à défendre et à préserver, est le signe :
dans l’ardeur de midi
soudainisolé
fortement
le bouleau -éclatant - comme quelque Évangile
Telle est la poésie d’Aïgui, très proche parfois de la mesure secrète du haïku, parole d’un homme pacifié, ayant dépassé et assumé les tribulations, et souvent la misère, d’une vie de proscrit, parole confiante...
SANS TITREEt dans le champ marche un homme
il est comme la Voix et comme la Respiration
parmi les arbres qui semblent attendre
d’être Nommés pour la première fois