Charlotte Bousquet | Jean-Pierre Serre

Jean-Pierre Serre

Un portrait dans la série Écrire l’égalité, thème de la résidence à Herblay

Né en 1926

La physique, ce sont les règles que Dieu a inventées.
Les maths, ce sont les lois qu’il a dû suivre.
Jean-Pierre Serre

Génie, vous avez dit génie ? Jean-Pierre Serre en est un assurément. Fils de pharmaciens pyrénéens, il est reçu premier au concours général de mathématiques, à Nîmes et intègre, à 19 ans, l’École Normale Supérieure. Après un an de prépa, seulement, au lieu des deux requises pour passer le concours. Trois ans plus tard, il est reçu premier à l’agrégation de mathématiques. Il passe quelques années au CNRS, ce qui lui permet de soutenir sa thèse à 25ans – en 1951, donc – sur la topologie algébrique.

Il intègre peu de temps après le groupe Nicolas Bourbaki. Kézako ? Un groupe de mathématiciens qui publie sous le nom de ce Nicolas imaginaire des articles scientifiques et des publications comme La Théorie des ensembles (1970).

Trois ans plus tard, il devient le plus jeune lauréat de la médaille Fields – peu ou prou l’équivalent du prix Nobel de mathématiques.

Il ne l’aurait certainement pas reçue s’il était une femme. Il faut attendre 2014 pour ça (c’est mathématicienne Maryam Mirzakhani qui l’obtient).

En 1956, il est élu professeur au Collège de France. Jusqu’à sa retraite, en 1994, il enseigne dans plusieurs universités américaines : Havard et Princeton notamment.

La première femme élue professeure au Collège de France, institution vénérable s’il en est puisqu’elle a été créée en 1530, est Jacqueline de Romilly, spécialiste de l’antiquité grecque… en 1973. Et, entre 1530 et 2018, sur un nombre très conséquent de titulaires, il n’y a que 9 femmes. Inutile de vous faire un dessin : si Jean-Pierre avait été une femme, il n’aurait même pas été proposé…

Il est membre de plusieurs Académies des sciences : en France, mais aussi en Angleterre, en Suède et en Russie. Il est également docteur honoris causa (titre honorifique) dans plusieurs universités : Glasgow, Cambridge, Athènes, Oslo, etc.

Parmi de nombreuses distinctions, il est récompensé par la médaille d’or du CNRS en 1987.

L’aurait-il eu s’il était une femme ? Eh non. La première qui reçoit cette distinction est la philosophe Barbara Cassin en… 2018.

L’Académie norvégienne des Sciences et des Lettres lui décerne en 2003 le prix Abel pour sa contribution à l’évolution moderne des mathématiques.

Ses travaux ont porté sur la géométrie algébrique, les chaînes logiques, etc.

Quelques œuvres :

Groupes algébriques et corps de classes, Hermann, Paris (1959)

Cours d’arithmétique, PUF, Paris (1970 et sqq)

Exposés de séminaires 1950-1999, SMF (2001)


Charlotte Bousquet

29 mars 2019
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