Philippe Rahmy / Une fin des certitudes
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chronique n° 2: La grande PâqueParis. Pâques 2000. Par terre des rivets, des lattes et un homme qui a chassé larrière de son crâne. La chevrotine a pris la tête, tout los, ne laissant que les yeux et de la peau en plis, ça fait une tache gris-fer ce masque à plat sans cheveux, qui dépasse par un bout hors du tapis roulé où le corps est sanglé. La Passerelle des Arts, horizontale tendue pour cinq clochards en suspens, alignés, assis environ, une bougie devant chacun, posée sur le corps et la chose en équilibre entre les cuisses de lun deux, celui qui a parlé à linstant: La grande Pâque de Jacques Besse. À tour de rôle ils ont lu, fort, en se passant le livre:
Funérailles de pauvre qui
dispersent dans la nuit blanche et noire des paroles comme des ombres
faites. Jacques Besse, déambulateur amok dont le mal sest détaché un peu, juste assez pour lui laisser le temps darpenter 93 pages, lui accorder le répit de ce dernier parcours. Quatrième de couverture: "Le pont se traverse cest du vent, du joli vent davril qui démolit les mendiants". Il a soufflé sur la passerelle des arts entre 1921 et 1999. Note: les citations sont tirées de: Jacques BESSE, La grande Pâque, La Chambre déchos, 1999. Sur Jacques Besse, voir larticle de Éric DUSSERT dans Le Matricule des Anges, n°29, p. 39. |