Editions des Lisières

Prendre son temps. Prendre le temps de lire les textes envoyés, méticuleusement. Prendre le temps d’échanger avec les auteurs, autrices. Prendre le temps de retravailler certains textes. Prendre le temps de choisir la mise en page, le papier, la couverture. Prendre le temps d’accompagner la sortie des livres. Prendre le temps et pourtant publier 16 livres en trois ans. Comme pour beaucoup de maisons d’édition spécialisées en poésie (même si on peut trouver des contes et de la nouvelle au catalogue), des Lisières tient essentiellement sur l’énergie, la force, l’obstination et le travail d’une personne - Maud Leroy. Après un master d’édition à Saint-Étienne, une expérience d’édition de livres (Le slip de mon père), de libraire et divers autres métiers pour gagner sa vie, elle se lance dans l’aventure et crée sa propre structure. Ouvrir une voie, donner de la voix à la poésie.
Puis il faut entrer dans l’arène. Faire connaître. Partager. Vendre.
Après une tournée insensée, formidable, émouvante de poètes Irakiens pendant le printemps 2019 avec Aya Mansour, Ali Thareb et la Milice de la Culture, soutenue par un large réseau de militants, bénévoles et lieux dédiés à la poésie, elle prend le temps, à nouveau, de penser la suite.
Abritée par la Ruche en Drôme, la jeune éditrice, sait que l’enthousiasme ne suffit pas pour durer dans le temps et qu’il faudra trouver un modèle économique viable (supportable). Pas facile. La poésie a toujours du mal, malheureusement, à élargir son lectorat alors même qu’elle propose des formes, des contenus très différents et souvent très accessibles. Plus moderne, novatrice, engagée et même punk que l’injuste réputation qui lui colle encore et toujours à la peau.
Maud Leroy nous dit : Je n’aime pas tourner que dans des milieux dédiés à la poésie. Elle doit se lire ailleurs.
Elle ajoute : La difficulté n’est pas de publier un nouveau livre mais de faire vivre le fonds.
Même si j’ai une ligne éditoriale précise, chaque livre est un coup de cœur.
La question du respect de la nature est importante dans mes choix de contenu.
Le contenu est prioritaire sur la forme.
La naïveté peut être une forme d’intelligence.
J’aime les écritures qui tiennent à distance le superflu.

Une traversée subjective et resserrée de certains titres parus :

Seule elle chante d’Aya Mansour traduit de l’arabe (irakien) par Souad Labbize

Condamnation

Tout ce que j’espère
de nos vies
– cordes
autour du cou de la vie – :
se préparer à la chute de la chaise

Héritage

Tout ce que les pères lèguent
à leurs enfants
sur cette terre
c’est leurs tombes

Née en 1992, Aya Mansour vit Bagdad. Souvent les lecteurs soulignent sa dureté de ses textes et elle de répondre que la mort, les cadavres, la guerre font partie du quotidien des Irakiens. Ecrire cela c’est raconter la vie des habitants. C’est la réalité.

Autoportrait aux siècles souillés de Michaël Wasson traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Béatrice Machet

Dévoué
Suis-je le gardien de mon frère ?

Tu me dis
viens maintenant.
Sortons dans les champs :
Tes bras sont larges. Tu te baignes
avec moi. une fois
j’ai touché entre
tes jambes pour entendre
mon nom s’évanouir
sur tes lèvres humides.
Mes jambes étaient douleurs
nues. Lancinantes.
Je t’appelais mon unique berger. Le travail
du sang sous la chair.
Mon amour est un agneau
que j’offre. Pas cette
calme brûlure entretenue
entre nous ( ...)

Jeune auteur amérindien, membre de la tribu nimíipuu (Nez-Percé), Michael Wasson a grandi sur une réserve située dans l’état d’Idaho ; il vit aujourd’hui au Japon. Présentation du livre par Frédérick Houdaer en cliquant ici.


Allez soyez curieux, ouvrez vos portes et vos fenêtres, et visitez le site :https://www.editionsdeslisieres.com/les_livres.html

© Crédit photo : fabienne swiatly

6 septembre 2019
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