En gare-Villarceaux
Avec :
Traviss
Maëlyn
Bryan
Ethan
Mélissa
Marcel
Sélène
Sanjana
Fatoumata
Elya
Chaque action décrite est d’abord jouée individuellement puis collectivement en pantomime. Les acteurs s’insèrent un à un en allemande puis ajoutent le texte à la gestuelle pour, à chaque intervention former et affiner la pièce.
Le travail consiste à retranscrire ces récits en dialogues afin de les jouer.
Transcription des textes et mise en scène de Raphaël Grillo.
Ethan
Je cours sur un quai et cherche à rattraper mon train que j’appelle désespérément :
« Hé ! Arrêtez-vous ! S’il vous plaît ! Arrêtez ! »
Malgré tout, le train part sans moi. Alors je m’assois et suis triste.
Soudain une personne vient me demander :
« Qu’est-ce qu’il y a ? ».
« J’ai raté mon train pour Londres » réponds-je.
Pour sécher mes larmes elle me tend une éponge. Je la prends et reprend
« Il est parti à midi. J’étais là à midi une ! »
Ensuite un gentleman très poli, très ponctuel et très maniéré est arrivé sur le quai.
Il cherchait son train quand la deuxième personne lui a demandé :
« Vous cherchez quoi ? »
(Prendre l’accent anglais)
« Mon train pour Londres. »
Le gentleman très ponctuel, poli et maniéré avait exactement 16 minutes et 40 secondes d’avance sur l’horaire de départ prévu.
Voyant que j’étais si triste, la personne à l’éponge qui en fait travaillait pour la SNCF, proposa très généreusement de me fournir un nouveau billet. C’est alors qu’un grand sourire se dessina sur mon visage qui s’illumina totalement. Dans mes yeux on voyait déjà Big Ben, le parlement de Westminster, les pubs des faubourgs et toute l’effervescence de la ville. A l’idée de pouvoir voir la capitale anglaise, je me sentais chanceux.
Traviss
Les deux tickets :
J’étais en train de marcher afin de m’assurer que les usagers dont j’ai la charge passaient un agréable moment au sein de la gare. Quand soudain ma cheffe m’interpelle en disant
« Traviss, s’il vous plaît, pouvez-vous venir un instant ? »
Je m’exécute, me rapproche d’elle et d’un jeune milord anglais. Ma mission est la suivante : Je dois rassurer ce jeune voyageur étranger car il a tellement peur de perdre ses bagages qu’il a acheté deux tickets afin de les garder bien en vue.
Il se trouve que je prenais exactement le même train pour m’occuper d’une jeune enfant et de deux étudiantes handicapées qui avaient besoin d’aide.
J’ai bien senti que ma responsable hiérarchique était très satisfaite de mon travail.
Sélène
J’arrive dans le hall de la gare comme d’habitude. Comme d’habitude, je regarde le grand panneau des arrivées et des départs. Je contrôle ma montre afin de voir si je suis à l’heure, comme d’habitude. Un jeune Parisien court vers le quai et interpelle le train pour Londres Kings Cross de douze heures pile. Il semble qu’il l’ait raté de peu. Je m’en vais donc le voir pour lui demander ce qu’il se passe. Il me confirme avoir raté son train. Il semble très désappointé.
J’essaie de le rassurer… Comme d’habitude. A cet instant je vois un gentleman très poli, ponctuel et maniéré arriver aux abords des quais. Il contrôle le panneau des départs et regarde sa montre. Il paraît dépoussiérer ses vêtements et ses chaussures. Etrangement il a beaucoup de tics et de petites manies. Je vais le voir pour m’assurer que tout va bien. Il me dit qu’il est en avance. Je contrôle ses tickets. C’est alors qu’il me dit avoir non seulement un ticket pour lui mais aussi un pour ses bagages. Il craint en effet de les laisser hors de sa vue.
Traviss, notre agent à bord, passe justement près de nous et je l’interpelle. Après avoir assuré à notre usager étranger que Traviss veillera sur lui et sur ses biens, je récupère le deuxième ticket et l’offre au jeune Parisien afin qu’il puisse partir à Londres.
Une journée ordinaire dans mon travail de cheffe de gare.
Voyez ce gentleman anglais, très poli et très maniéré ?
Oui.
Il a beaucoup de tics et deux tickets.
Melissa et Elya
Nous avions prévu mon amie et moi de visiter Londres. Malheureusement un accident de voiture a failli nous empêcher de profiter de ce voyage…
Une fois plâtrées nous avons requis les services d’aide aux personnes handicapées pour faciliter notre trajet. Eh bien figurez-vous que cette aide n’est jamais venue !
Enfin, une personne dénommée Traviss est arrivée alors que nous étions déjà installées. Accompagné d’une petite fille qui n’était pas handicapée du tout !
Il a prétexté avoir eu trop à faire pour pouvoir nous aider.
Nous lui avons fait part de nos requêtes. Elles étaient très simples :
– Pouvoir boire.
– Avoir à manger.
– Prendre nos médicaments.
– Nous réchauffer un peu.
– De la lecture.
– Aller aux toilettes.
– Disposer de lunettes.
– Pouvoir écrire.
– Connaître l’heure d’arrivée.
– Nous renseigner sur les modalités de retour.
Bref. Des requêtes tout à fait simples et modiques.
Eh bien figurez-vous qu’il n’en a accompli aucune !
Fatoumata
J’étais tranquillement en train d’attendre le train en provenance de Cherbourg, dans lequel se trouvait ma famille. Soudain, un chien, petit mais féroce, s’est précipité vers moi. Il a lâché la saucisse qu’il avait dans la gueule et a mordu fortement ma cuisse. Je lui ai demandé de me lâcher le membre, mais il n’a pas semblé comprendre mon propos. J’ai alors crié au secours. Personne n’a répondu et le chien a continué sa vilaine agression.
Quand il a semblé rassasié il a finalement cessé son étreinte et est allé reprendre sa saucisse comme si de rien n’était. Je me suis alors trainée tant bien que mal vers le premier guichet ouvert afin de signaler l’incident. J’ai alors dû prendre un taxi sur mes propres deniers afin d’aller faire constater ma blessure dans un hôpital. Le médecin m’a donné trois mois d’interruption de travail et j’ai depuis lors une phobie maladive des canidés.
Maëlyn
Donc. J’ai perdu Noisette, mon chien. C’est un petit malinois très malin. J’avais d’abord pensé prendre un carlin mais une amie m’a dit qu’avec mon sol carrelé il y avait des risques de le voir glisser. Je ne voulais pas de ça. De plus cette amie a toujours été de bon conseil et j’ai pris pour habitude de l’écouter à tout propos. Mais à propos, je m’égare de la gare et de Noisette, mon chien. Je l’ai perdu à la gare. C’est dangereux une gare, il y a plein de monde et on peut rapidement se perdre soi. Se faire enquiquiner ou subtiliser son portefeuille. Avec, outre la fâcheuse perte pécuniaire, la fâcheuse obligation de devoir refaire des papiers. Aller en mairie ou en préfecture. Patienter de longues heures pour accéder au guichetier. Lui expliquer l’air penaud sa situation. Remplir des formulaires et prendre le soin de respecter les cases prévues à cet effet ou tout refaire et même la queue pour obtenir un formulaire nouveau. Mieux vaut ne rien perdre en gare. Rien, ni son chien. Voyez, vous arpentez les quais, votre chien tenu en laisse et puis un instant on le laisse, pour la lecture d’un magazine ou d’un roman, pour un garçon charmant qui vient parler nonchalamment, pour le breuvage d’un café ou bien d’un thé ou d’une boisson fraîche si vous craignez que les boissons chaudes ne tachent vos dents ou brûlent votre palais. Mais je m’égare… je vous parlais… ? De noisette. Et de fait c’est ce que je bois. Les Italiens disent macchiato et les français noisette. Le reste du monde suit l’Italie ce qui en matière de cafés semble logique. Quoique quelques recherches historiques nous montreraient sans doute qu’il y a doute et que le monde entier pourrait tout autant dire noisette pour qualifier ce nuage de lait versé dans le café. Noisette ne boit pas de noisette. Il n’en mange pas non plus. Je ne sais pas même s’il s’est déjà donné la peine de contempler le ciel ou les nuages. Mais je me perds et même je nage. J’étais en gare quand j’ai égaré mon chien Noisette. Où donc avais-je la tête ? Ça je ne le sais. Je n’ai pas retrouvé Noisette, c’est lui qui m’a retrouvée. Il a aboyé (aboiement), une femme a crié (cri), j’ai couru vers lui c’était le plus beau jour de ma vie.
Traviss et Sanjana
Lorsque j’ai pris le train pour la première fois, j’ai rencontré Traviss. Il est grand Traviss. Il est gentil Traviss. Il court vite Traviss. Et il attrape toujours les trains Traviss. Il traîne très souvent ses pieds Traviss mais ça ne fait rien ? J’aime toujours jouer avec lui. Et il dit toujours oui !