« je ne crains ni le manque de suite ni les coupures »
en hommage à Ossip Mandelstam mort le 27 décembre 1938
Je ne crains ni le manque de suite ni les coupures.
Semblables à un martinet, mes longs ciseaux coupent le papier.
Je colle des becquets en frange.
Un manuscrit est toujours une tempête ; c’est tourmenté, ravagé à coups de bec.
C’est le brouillon d’une sonate.
Barbouiller, exécuter à la Marat vaut mieux qu’écrire.
Je ne crains ni les rapiéçages ni le jaune de la gomme.
Je couturaille, je fais le fainéant.
Le Timbre égyptien, 1928, traduit du russe en 1930 par Georges Limbour et D. S. Mirsky.